Comment les chevaux apprennent l’écurie active

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Un nouveau cheval intègre l’écurie active. Si ce mode de logement lui permet de retrouver un rythme comportemental bien plus naturel, il nécessite néanmoins quelques apprentissages de façon à ce que l’animal puisse utiliser pour son bien-être toutes les fonctionnalités mises à sa disposition. Les automates sont un des principaux sujets d’apprentissage sur lequel il est important de réaliser un accompagnement adéquat. Voici quelques points clés et conseils pour que cela se passe bien.

Apprentissage du groupe

Le premier apprentissage déjà évoqué dans nos articles est celui du groupe avec l’intégration.

https://creativem.co.uk/ecurieactive/articles/creer-troupeau-gerer-levolution-groupe/

Durant cette période, l’observation des relations entre le cheval qui est intégré et les autres est importante pour se faciliter la vie comme nous allons le voir par la suite. On va entre autres essayer de définir quel est le cheval dont le nouvel arrivant apprécie le plus la compagnie. Il est à noter que cette préférence n’est pas forcément réciproque.

Apprentissage des automates

Une fois le cheval intégré au groupe, la phase d’apprentissage des automates proprement dite peut commencer. Un automate n’ayant rien de naturel pour un cheval, son utilisation nécessite en réalité 2 apprentissages distincts.

  • Le premier point est l’habituation à l’environnement et au fait de rentrer, de rester puis de sortir de l’automate.
  • Le second point est l’apprentissage de l’alimentation dans l’automate.

L’importance du «cheval public»

Le 1er point clé est le même que dans la maxime du Général L’Hotte: CALME. Le stress généré par la nouveauté de l’automate et de son couloir étroit est un frein important à l’apprentissage surtout chez les sujets les plus émotifs. Le meilleur des antistress chez le cheval, c’est le copain préféré que vous aurez pris soin d’identifier pendant l’intégration. On amène donc systématiquement un «cheval public» lors des séances d’habitation. Celui ce devra avoir un comportement calme et posé pour ne pas donner de signaux de stress à celui qui apprend. S’il veut bien faire une petite sieste pendant que son nouveau copain apprend à côté, c’est idéal. Si le «cheval public» choisi est agité, il vaut mieux en choisir un autre. Le critère observable étant évidemment le niveau de calme du cheval qui apprend.

Manger: l’apprentissage le plus simple

Le plus efficace est de commencer par habituer le cheval au DAC, car l’appétence de l’aliment génère de la motivation. On amène le cheval au licol dans la stalle, s’il est calme, on lui donne un peu de grain que l’on dépose dans l’auge. Le cheval voyant faire l’opérateur va au fur et à mesure des séances venir chercher à cet endroit. Si le cheval est trop stressé, il ne mangera pas. Dans ce cas, ne surtout pas chercher à le bloquer dans le DAC, mais le laisser sortir le plus calmement possible par le porte de sortie qui sera maintenue totalement ouverte. Donner une récompense alimentaire puis recommencer. De cette façon, le cheval qui ne se sent jamais bloqué gagne en confiance. Lorsqu’il est calme, répéter le processus avec un aide qui remplit manuellement la mangeoire par l’arrière du DAC. Enfin, on peut passer le cheval en automatique avec le transpondeur. Le bruit de la vis sans fin peut nous paraitre surprenant, mais l’expérience montre qu’il n’effraie pas du tout les chevaux.

Barrière avant et arrière

Le principe de conception des automates fait qu’un cheval n’y est jamais bloqué. Le cheval qui panique doit pouvoir sortir: par l’avant en poussant le portillon ou par l’arrière grâce à la flexibilité de la barrière ou des portes à ventaux. On conseille dans un premier temps de ne pas utiliser la barrière arrière dans l‘apprentissage afin que le cheval s’habitue. Une seconde personne qui veille à ce que le nouvel arrivant ne soit pas importuné par un autre cheval à l’arrière permettra de sécuriser cette phase. Lorsque le cheval est calme et en confiance, on peut alors mettre en marche la barrière ou la porte arrière à ventaux.

portillon-sortie Comment les chevaux apprennent l'écurie active

Le portillon de sortie est sans doute l‘apprentissage le plus long et qui demande le plus d’observation de la part de l’éleveur. On va dans un premier temps maintenir le portillon grand ouvert pour que le cheval sorte sans le toucher et dans le calme. Par la suite, un second opérateur va faire légèrement toucher le portillon sur le flanc du cheval. Ne pas augmenter la pression tant que le cheval réagit. Par paliers et au fur et à mesure qu’il se calme, le cheval va apprendre à pousser en confiance sur le portillon de sortie. On pourra le refermer progressivement. Lorsque des chevaux de l’écurie sont en apprentissage, le portillon sera donc maintenu plus ou moins ouvert. Il est important de le maintenir le plus fermé possible pour éviter qu’un «petit malin» ne commence à tenter de l’ouvrir à contre sens pour venir prendre du rab!

Chevaux qui sortent en reculant

Certains chevaux craignent plus que d’autres le portillon de sortie. Ils peuvent alors prendre l’habitude de sortir en reculant lorsque la barrière d’entrée s’ouvre. Ce n’est pas un problème en soi: le reculer, bien que rarement observé à l’état naturel, est un bon exercice de physiothérapie qui a pour effet d’étirer a ligne du dos du cheval. En pratique, ce sont plutôt les chevaux en haut de la hiérarchie qui procèdent de la sorte. Les subordonnés ont plus tendance à se faire chasser par les congénères lorsque la barrière arrière s’ouvre.

Porte sélective

portillon-sortie Comment les chevaux apprennent l'écurie active

L’apprentissage de la porte sélective est simple une fois que le cheval est habitué au DAC et au DAF (Distributeur Automatique de Fourrage), mais c’est peut-être celui qui prend un peu plus de temps. En effet, le cheval est une espèce qui résout avec difficulté les problèmes de contournement et de labyrinthe. La question se pose rarement dans la steppe. Du coup, passer par un sas pour accéder au champ ou à la zone de fourrage ne va pas de soi.

Cet apprentissage est ralenti par un autre paramètre qui est la motivation. En effet, le bénéfice pour le cheval est moins direct et surtout, le moment où nous décidons de faire une séance d’apprentissage n’est pas nécessairement celui que le cheval aura choisi pour aller dans la zone régulée par la porte sélective. À l’éleveur de bien observer, les périodes propices et de s’entourer des bons partenaires préférentiels dans le troupeau pour optimiser ses séances d’apprentissage de la porte sélective.

Lors de la création de l’écurie, tous les chevaux doivent apprendre en même temps et cela représente un temps de travail à prendre en compte. Une fois l’écurie en «vitesse de croisière», les nouveaux arrivants bénéficieront d’une part d’une ambiance plus zen et d’autres arts d’une facilitation sociale, car les «anciens» ne montrent pas ce signe de stress avec les automates. Autant de paramètres qui facilitent l’apprentissage. La bonne connaissance des théories de l’apprentissage est une aide précieuse pour bien accompagner le premier pas des chevaux dans l’écurie active. La bonne maitrise des paramètres qui influencent les performances d’apprentissage est une clé d’efficacité pour ces différentes phases.

Ces quelques références pourront vous aider:

http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/cheval-et-vie-domestique/principes-d-apprentissage.html

http://www.ifce.fr/wp-content/uploads/2018/02/Webconf_emotions2_fevr181.pdf

http://www.ifce.fr/produit/travailler-son-cheval-selon-les-principes-de-lapprentissage/

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Arnaud Lallemand
Consultant chez Horse Stop
Passionné de la relation homme cheval, il pratique l’équitation depuis l’enfance dans de nombreuses disciplines (CSO, complet, dressage, attelage, voltige cosaque, randonnée, élevage …) et fréquente divers établissements équestres toujours assoiffé de connaissance sur le cheval. Ingénieur des techniques agricoles, son expérience professionnelle conjugue porte à la fois sur les équipements et sols équestres et sur le cheval en tant que tel. 6ans passés au service ingénierie des Haras Nationaux ont développé ses compétences en terme de conception des sols équestres et de développer ses connaissances sur les questions de bien-être des chevaux. Il obtient le DU d’éthologie de l’université de Rennes avec mention. Convaincu que le bien-être du cheval n’a de sens que s’il est porté par une grande fonctionnalité de l’ensemble de la structure. A l’occasion de l’Equimetting infrastructures équestres du Lion d’Angers,il rejoint la société Horse Stop pour importer en France le concept très innovant de l’écurie active. Le partenariat avec HIT et l’approche scientifique du comportement équin font aujourd’hui bénéficier les porteurs de projet d’écurie active d’une compétence unique.
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