Le coup de sang est une maladie musculaire (une myopathie), très douloureuse pour le cheval, qui arrive beaucoup plus souvent que l’on ne le pense. Dans la majorité des cas, une myopathie est le résultat d’un stockage pathologique de glycogène dans les cellules musculaires à la suite d’un excès de sucres dans la ration ou/et d’un manque d’activité.
La prévention :
Plusieurs noms sont utilisés pour décrire les maladies des muscles : Coup de sang, maladie du Lundi, myosite ou encore « tying up ». La terminologie officielle est « myopathie ». Les signes cliniques des myopathies sont des douleurs musculaires qui débutent souvent 10 à 15 minutes après le début du travail, même léger, ou après un moment de stress (Valberg, 2018). Le cheval a une posture crampée. Il ne veut plus avancer, a des difficultés pour engager les postérieurs, semble raide, tremble et transpire. Lors des formes sévères, l’urine du cheval devient foncée. La cause de la maladie peut être d’origine zootechnique (excès de travail au regard du niveau d’entrainement du cheval, déshydratation forte, carence en vitamines et oligo-éléments). Néanmoins, le plus souvent, la cause de la myopathie est l’utilisation trop rapide d’une quantité trop importante de glycogène stocké en excès dans les cellules musculaires (Williams et al., 2018, Valberg et al., 2011). Parfois ce stockage pathogène de glycogène est dû à une prédisposition génétique du cheval, mais dans la majorité des cas, ce stockage en excès est le résultat d’un déséquilibre entre la ration et l’effort physique fourni par le cheval.
Les cellules musculaires assimilent le glucose du sang comme source d’énergie. Une spécificité des cellules musculaires chez le cheval est qu’elles sont capables de « stocker » ce glucose sous forme de glycogène avec pour objectif de disposer d’une « réserve d’énergie » en cas besoin. Stocker l’énergie pour des besoins urgents est une excellente idée. Cependant, il y a une limite quant à la quantité à respecter parce que l’utilisation de ce stock de glycogène demande une quantité d’oxygène conséquente pour métaboliser ce sucre par la voie aérobie. Si le stock de glycogène est trop important, l’oxygène devient facteur limitant et le glycogène est partiellement brûlé sans oxygène. Le « déchet » de cette voie anaérobie, ce sont les lactates. Ces sont justement ces lactates qui rendent le cheval malade et sont à l’origine des douleurs (crampes). Les causes de ce stockage excessif et pathologique sont, en dehors des prédispositions génétiques, des rations trop riches, des périodes d’inactivité trop longues ou un déséquilibre entre la ration et le travail (Ribeiro et al., 2004).
Il est important de considérer que l’alimentation doit être en équilibre avec l’activité du cheval. Des changements abrupts sont à proscrire !
Comme nous venons de le voir, un cheval dans son habitat naturel broute pendant 15 à 16 h par jour, en parcourant 18 km. Cependant, il ne mangera pas que de l’herbe même si elle est présente en quantité suffisante. En effet, 20% de son alimentation consiste en de petites branches, des écorces et des plantes aromatiques. De plus, l’herbe disponible n’a que rarement une valeur alimentaire très élevée. Croire que mettre ses chevaux simplement au pâturage sans gestion particulière est bon pour eux car naturel est une erreur !
En effet, il est bien difficile d’équilibrer la ration d’un cheval (de sport) ayant accès au pâturage partiel ou complet et il y a beaucoup de règles à respecter (Williams et al., 2019). Une alimentation basée sur l’herbe mais mal gérée est potentiellement une source importante de maladies : Fourbure, coliques, myopathies, résistance à l’insuline et obésité, auxquelles on peut ajouter les maladies provoquées par les parasites internes et externes. Selon les conditions climatologiques et les espèces de plantes présentent dans la pâture. Les plantes contiennent des quantités et qualités (fructane !) différentes des sucres. Une bonne gestion des transitions de début de saison, mais aussi des changements de parcelles sont indispensables pour éviter les problèmes de santé des chevaux. Cependant, la mise au pâturage en groupe et bien gérée est le meilleur geste à avoir pour le bien-être de son cheval.
Mais, attention il y a un monde entre un pâturage bien géré et une mise à l’herbe comme solution de facilité. Si les cavaliers ne peuvent pas sortir leurs chevaux, les lâcher dans un environnement avec une ressource alimentaire surabondante leur fait courir un risque supplémentaire. Le bien-être et la santé des chevaux doivent rester une priorité même en cas d’évènement exceptionnel (Covid-19)
Les rations le plus simples et équilibrées sont celles constituées de foin ou d’enrubannage, complétées par des concentrés. L’ingestion de fourrage doit être favorisée : un cheval peut ingérer jusqu’à 15 kg de foin ! Si le foin est de bonne qualité, pour beaucoup de chevaux, les besoins alimentaires supplémentaires seront très faibles (Ralston, 2007). Pour composer la ration idéale pour votre cheval, il convient de mesurer la quantité et la qualité du foin consommé au quotidien. Ensuite, la complémentation en concentré est à choisir, en faisant attention à l’apport de glucides. Une partie de l’apport d’énergie peut être remplacé par l’apport de matière grasse (Ribeiro et al., 2004, Valentine et al., 1998)). Des vitamines et oligo-éléments comme la vitamine E, le sélénium et la vitamine C sont des anti-oxydants indispensables pour aider les muscles à gérer la consommation rapide de glycogène. Au quotidien, la gestion doit être adaptée à l’exercice prévu pour le lendemain. Il est conseillé d’éviter de proposer des concentrés au chevaux moins de 3 heures avant un effort physique. Des rations hautes en glucides et basses en fibre nécessitent une gestion très pointue. Ce sont potentiellement de « rations à risque ».
Les écuries actives sont conçues avec l’objectif d’améliorer la qualité de vie des équidés, la qualité de leur santé, mentale et physique. L’astuce clé pour limiter les myopathies dans une écurie active réside dans le fait que les chevaux sont obligés de marcher pour subvenir à leurs besoins. La vie en groupe augmente le niveau d’activité pour chaque cheval. Le cheval connait une activité quotidienne importante qui est indépendante de son travail avec le cavalier. Aussi, l’écart entre « repos en écurie active » et « activité au travail » est moins important que l’écart « repos au box » et « activité au travail ». Par conséquent, les efforts d’échauffement et de récupération active sont moins aigus.
Briant C. L’exercice quotidien : nécessaire et bienfaiteur. 2016. Equipédia : JUIN
Ralston SL. Evidence-based equine nutrition. Vet Clin North Am Equine Pract. 2007 Aug;23(2):365-84.
Ribeiro WP, Valberg SJ, Pagan JD, Gustavsson B. The effect of varying dietary starch and fat content on serum creatine kinase activity and substrate availability in equine polysaccharide storage myopathy. J Vet Int Med. 2004;18:887 – 894
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Williams CA, Kenny LB, Burk AO. Effects of grazing system, season, and forage carbohydrates on glucose and insulin dynamics of the grazing horse. J Anim Sci. 2019 May 30;97(6):2541-2554