Le blog de l’Écurie Active

COVID: Remise en cause du mode d’hébergement de nos chevaux

Rédigé par Arnaud Lallemand | Feb 11, 2021 10:29:59 AM

Actuellement le contexte COVID et ses deux meilleurs amis confinement et couvre-feu, nous mettent face à la constatation suivante : nos équidés restent confinés plus qu’ils ne le devraient au box et n’ont plus l’opportunité d’une locomotion libre pourtant indispensable à leur bien-être et leur équilibre. Parlons donc hébergement équin !

Focus sur les besoins fondamentaux d’hébergement

Les structures équestres qui hébergent les chevaux se retrouvent dans une situation difficile. Les chevaux ne sortant plus, ils deviennent des bombes à retardement. Ce sont notamment les cavaliers qui vont subir l’effet rebond de la 1ère sortie du cheval post confinement (au box). On parle d’effets physiologiques, car ces chevaux passant des journées entières dans les écuries. Ils y développent des pathologies digestives (coliques), respiratoires (emphysème) et locomotrices (engorgement, arthrose chronique, dorsalgies, etc).

Cette situation de confinement nous fait toucher du doigt à la fois l’incompatibilité du mode traditionnel d’hébergement avec les besoins fondamentaux des équidés, et la fragilité économique du système. Bien entendu, l’idée n’est pas de condamner un mode d’hébergement qui a eu sa raison d’être à une époque. Auparavant, les connaissances scientifiques sur le comportement du cheval n’étaient pas celles d’aujourd’hui. Cependant, il est temps d’en prendre conscience et de réagir. En revanche, aujourd’hui, on ne peut plus dire qu’on ne sait pas.

Il est toujours possible de se donner bonne conscience en argumentant que le cheval sort montés ou va une heure par jour au paddock. Il est vrai que c’est mieux que rien. Mais cela reste bien en dessous de ses réels besoins fondamentaux physiologiques et comportementaux. Si certains chevaux le tolèrent, ce n’est jamais sans impact sur leur physique et sur leur moral.

L’impact psychologique des conditions d’hébergement chez le cheval.

Un cheval dans son milieu naturel répartit en moyenne son temps de la manière suivante :

  • 15h à 16h sont consacrées à l’alimentation
  • 5h à 6h sont consacrées au repos (somnolence et repos couché)
  • 2h à 3h sont consacrées à la veille
  • 2H environ sont consacrées à la locomotion active et aux autres activités comportementales (grattage, interactions sociales, maintenance etc…)

De ce fait, si le budget temps naturel alloué à chaque activité n’est pas en mesure d’être respecté, cela va immanquablement générer des troubles du comportement. Les attitudes du cheval seront donc l’expression d’un mal-être, comme par exemple, les stéréotypies, la posture figée ou de l’agressivité.

L’intervention de d’Alice Ruet sur le bien-être du cheval ou l’étude du bien-être pour le doctorat vétérinaire par Laëtitia Marie BOUSSELY sont des références que vous pouvez consulter en plus des articles traitant de ce sujet sur notre site.

Entre confinés, on se comprend mieux.

Les confinements que les cavaliers et propriétaires ont dû subir a permis à ces derniers de prendre pleinement conscience de la situation dans laquelle leurs chevaux sont hébergés depuis … le monde d’avant.

Jérôme Salomon, médecin infectiologue spécialiste de santé publique, a alerté sur la santé mentale des Français. En effet, celle-ci se dégrade avec les mesures de confinement et de couvre-feu : “c’est une situation stressante, anxiogène qui peut générer une souffrance psychologique pour nombre d’entre nous. “

Par ailleurs, nos psychiatres sont unanimes : ces périodes de confinement génèrent chez bon nombre de personnes un mal-être plus ou moins profond. Il se traduit notamment par une augmentation des comportements agressifs ou dépressifs.

Pourquoi en serait-il autrement pour nos chevaux ? Tout comme nous, lorsqu’ils sont contraints de rester au box, et donc privés de leur liberté de mouvement et d’interactions sociales, ils ne sont pas « heureux ». Il ne peut donc pas être question de bien-être dans ces conditions.

Les confinements que nous avons subis auront eu ce côté positif dans notre relation au cheval. En effet, ils auront sensibilisé le cavalier sur l’impact psychologique que peut avoir un hébergement permanent en box pour le cheval. De même, ils auront permis de mieux comprendre le comportement parfois très vif du cheval lors de la sortie du box. Il a soif de liberté et d’espace.

Pascal Frotiee, propriétaire des écuries de Lisors, déclariait : « Le confinement a été un non-évènement pour les chevaux de l’écurie active. Les chevaux sont dehors toute l’année, leur ration est distribuée par des automates et ils marchent toute la journée. Les cavaliers ont été heureux mais pas surpris de les retrouver en bonne condition physique et morale. » Cela montre bien que s’ils sont hébergés dans le respect de leurs besoins fondamentaux. Les chevaux n’ont pas besoin de nous. Malgré cela, ils continuent à venir à notre rencontre ! C’est donc qu’ils nous apprécient pour autre chose que seulement la nourriture que nous leur apportons. Cela rend d’autant plus belle la relation que nous pouvons avoir avec eux … À méditer ».

Quelles solutions apporter ?

On entend de plus en plus souvent la remarque suivante : « Avant, les propriétaires qui se renseignaient sur une pension demandaient s’il y avait un manège. Aujourd’hui, ils demandent combien de temps le cheval va au paddock ». Cela montre bien que les mentalités et les attentes changent.

Le concept d’écurie active est à nos yeux la solution d’hébergement la plus à même de permettre aux chevaux d’exprimer leurs comportements naturels. Bien qu’elle convient à 95 % des chevaux, elle n’est cependant pas applicable pour tous. C’est notamment le cas pour les entiers, les chevaux en court séjour (chevaux de commerce ou autres), ainsi que pour quelques rares individus qui n’auraient pas pu bénéficier d’un apprentissage social suffisant. Dans ce cas, leurs comportements seraient incompatibles avec la promiscuité d’une vie de troupeau. Cependant, il est toujours possible d’aménager l’existant ou de concevoir un futur hébergement qui se rapproche du concept de l’Ecurie Active. Les différentes prestations d’accompagnement proposées par HORSE STOP peuvent vous aider à créer, aménager ou transformer votre écurie pour qu’elle puisse répondre le plus possible au besoin fondamentaux de vos chevaux.

D’ailleurs, des produits innovants existent déjà. Cependant, HORSE STOP propose un accompagnement unique avec ses spécialistes :

  • Éthologue ;
  • Spécialiste en aménagement équestre ;
  • Bureau d’études interne ;
  • Architecte équestre.

Ils travaillent de concert pour vous garantir de trouver ou d’inventer les solutions spécifiquement adaptées à votre projet.

Le monde du cheval est en transition

Nous qui aimons les chevaux, réagissons et remettons en question nos habitudes ! Notre approche et notre communication autour du bien-être ne doit surtout pas être une « simple couche de peinture » pour tenter de justifier des pratiques désuètes ni une façon de nous donner bonne conscience. Nous devons à nos chevaux de faire évoluer nos pratiques. Cela s’applique tant à la façon de penser leur logement que dans nos pratiques avec eux. Les études scientifiques sur le comportement et l’approche du bien-être nous ont retiré nos dernières excuses pour ne pas bouger. Mettons-nous en mouvement et changeons !

Une proposition de loi sur la maltraitance animale est actuellement en cours de ratification par l’assemblée nationale. Cette loi, dont on médiatise surtout les volets qui évoquent les delphinariums, les animaux sauvages des cirques ambulants et l’élevage des visons, est en réalité destinée à la prise en compte beaucoup plus large des besoins des animaux en général et des chevaux en particulier. Elle aura des conséquences et sans nul doute un impact certain sur la filière équine. Nous y consacrerons prochainement un article afin de vous partager nos réflexions à ce sujet.