Découverte d’une écurie active
Equin + accueillait le mercerdi 15 juillet 2015 un public professionnel pour la présentation du concept d’écurie active. Hervé Catusse nous a ouvert les portes de sa magnifique et ultra fonctionnelle écurie active à La Ferme équestre de Randeynes située à côté de Rodez.
Un échange enrichissant
Certains porteurs de projets sont déjà bien avancés dans leur démarche d’installation et d’autres étudient la façon de faire évoluer leur écurie traditionnelle vers une écurie active. Conseillers de chambre d’agriculture et formateurs de l’IFCE avaient fait le déplacement pour découvrir cette écurie pleine d’innovation améliorant le bien-être des chevaux et le confort de travail. Ils ont pu profiter de l’expérience non seulement de Mr Catusse mais aussi de celle du Pr Thorsten Hinrichs, inventeur du concept pour sa société allemande HIT, partenaire de Equin +. Depuis plus de 15 ans, il a installé plus de 400 écuries actives en Allemagne et plus de 700 de par le monde. Il a répondu à une multitude de questions techniques et stratégiques de professionnels très intéressés et curieux de cette écurie si différente truffée d’astuces murement réfléchies.
L’organisation d’une écurie active
La question de l’organisation de l’écurie a été centrale. Le distributeur automatique de concentrés (DAC) ne sert pas seulement à nourrir les chevaux ( la plupart des chevaux mangent en fait très peu de concentré), il joue un rôle fondamental : En constituant un centre d’intérêt majeur pour les chevaux, il devient une source de motivation importante. C’est le poumon de l’écurie active. L’écurie de Randeynes est agencée de façon à ce que les chevaux doivent effectuer un parcours de 200 mètres pour y accéder. En y retournant pour recevoir leurs 12 repas par jour et la gourmandise aidant, les chevaux parcourent plus de 10 km par jour. Ce qui est une valeur classiquement observée dans les écuries actives. Le dortoir équipé de matelas confort sans paille (et donc sans poussière), le distributeur programmable de fourrage, le point d’eau et les parcelles en herbe accessibles à la belle saison constituent les autres points d’intérêt qui contribuent aussi à faire marcher les chevaux.
Les équipements et la gestion d’une écurie active
Thorsten Hinrichs en s’appuyant sur d’autres plans d’autres écuries actives qu’il a conçues a montré comment, grâce aux équipements spécifiques, on était en mesure d’élaborer différentes stratégies d’activité dans l’écurie et gérer dans le même groupe des animaux aux besoins très différents comme des chevaux de sport en activité et des poneys à la retraite.
L’ensemble des automates de l’écurie est géré par une console centrale. Tous les paramètres sont réglables : Chaque cheval reconnu par un transpondeur qu’il porte sur un collier reçoit une ration individualisée élaborée à partir des trémies du DAC (jusqu’à 4 aliments solides, 4 CMV et 1 aliment liquide). Les heures d’ouverture et de fermeture du distributeur de fourrage, les accès par des portes sélectives à certaines heures et d’autres paramètres sont réglables depuis une interface tactile connectée au web et à votre smartphone. Vous savez en temps réel quel cheval à mangé quoi, s’il est passé au DAC, etc.
En cas de panne électrique, le DAC est autonome grâce à une batterie 24 V pendant plusieurs jours comte tenu de sa faible consommation énergétique.
La vitesse d’apprentissage du fonctionnement du DAC pour les chevaux varie entre 3 heures et 3 mois. Le jeune âge, le caractère curieux et non peureux ainsi que la rusticité sont des facteurs qui accélèrent l’apprentissage du DAC. Les chevaux qui mettent le plus de temps sont ceux qui ont vécu longtemps en boxe, habitués à ce qu’on leur apporte leur nourriture plutôt que d’aller la chercher eux-mêmes.
Adaptation des chevaux au concept écurie active
Les chevaux ferrés ou déferrés avec ou sans couverture l’hiver se croisent dans l’écurie et le calme qui y règne fait que tout cela se passe très bien.
Pour répondre à une question d’un participant, Thorsten Hinrichs a rapporté qu’il était arrivé de façon très exceptionnelle que certains chevaux ne s’adaptent pas à l’écurie active. Il s’agissait toujours de chevaux adultes ayant vécu très longtemps en boxe individuel et qui, privés de contacts sociaux ne s’intégraient pas au groupe. Il a également rapporté sa propre expérience d’élevage en écurie active ; les juments sont isolées en boxe paddock en fin de gestation pour être réintégrées au groupe après le sevrage. D’autres éleveurs réintègrent les mères suitées de poulains de 3 mois en écurie active.
Le concept de l’écurie active est adapté à l’hébergement de tous les types de chevaux (loisirs, sport, élevage, retraite,…). Le seul impératif est la stabilité du groupe. Le concept ne conviendra pas à des écuries de commerce ou les arrivées et départ de chevaux sont fréquents.
Surfaces minimales pour installer une écurie actives :
- 10 m² de dortoir par cheval
- 100 m² d’aire de vie par cheval ; si la surface disponible est plus importante, cela peut constituer un accès à l’herbe supplémentaire.
- 1.5 à 2 passages d’encolure par cheval pour une distribution collective du fourrage
- 1 Dac pour environ 20 chevaux
- 1 Distributeur individuel de fourrage pour 4 chevaux pour une distribution individualisée du fourrage. Dans ce cas, la mise à disposition de paille en libre service est recommandée
Les coûts d’une écurie active
Le montant des investissements et la rentabilité du concept ont été abordés. L’installation de l’écurie de Mr Catusse à représenté un investissement de 260 000 € dont environ la moitié pour les sols. Une grande partie des travaux ont été réalisés en auto construction. Le montant des fournitures spécifiques que constituent les automates de distribution avec abris, les dalles de stabilisation, les clôtures, les tapis de couchage, les abreuvoirs antigel et le boxe d’intégration représentent un investissement d’environ 6 000 € HT par cheval.
Les avantages d’une écurie active
Opter pour l’écurie active, c’est intégrer des changements importants dans son métier. Cela permet une importante diminution de la charge de travail, du temps d’entretien quotidien et des taches répétitives ainsi qu’une baisse de la pénibilité. Cela apporte de la flexibilité dans les horaires. Par contre, cela nécessite une compétence dans l’observation et de gestion de chevaux vivant en groupe. Cela demande également une observation attentive des comportements et des relations entre chevaux. Enfin, cela demande une compétence au niveau des apprentissages et de l’intégration de nouveaux arrivants dans le troupeau. Mais n’est ce pas plus valorisant de consacrer du temps à intégrer un cheval à un groupe et de passer du temps à l’habituer à l’utilisation d’un DAC plutôt qu’à curer du fumier ?
> En savoir plus sur le concept écurie active : www.equin-plus.com
> En savoir plus sur la Ferme de Randeynes
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