La détention en groupe présente de nombreux intérêts pour le cheval. Elle lui permet d’avoir des interactions sociales naturelles avec ses congénères, limitant l’expression de stéréotypies (tics), et favorisant l’activité locomotrice. Il est également démontré que les jeunes chevaux élevés en groupe sont plus faciles à manipuler. Pour le soigneur, la charge de travail est souvent plus réduite qu’en écurie.
Pourtant, la crainte de blessures constitue un frein majeur à ce mode de détention. Qu’en est-il exactement ? Quelles sont les moments « à risque » ? De quels leviers dispose-t-on pour réduire ce risque ? Quelques équipes travaillent sur ce sujet : voici une synthèse de présentations au cours du colloque équi-meeting infrastructures- Le Lion d’Angers – Oct 2014.
Lors de la mise en groupe, les chevaux (notamment les étalons de l’étude suisse décrite) présentent des comportements rituels – vocalises, contact visuel, olfactif – qui, majoritaires, participent à la mise en place de la hiérarchie. Ils visent aussi à prévenir les comportements agonistiques (d’agression), ceux-ci faisant augmenter la distance entre individus par des menaces, mises ou non à exécution. Ces deux types de comportements diminuent avec le temps et avec l’expérience préalable de la vie en groupe. En parallèle, les comportements affiliatifs – jeux, toilettage mutuel ou simple proximité – traduisant l’établissement de liens sociaux, augmentent.
Une étude norvégienne sur 100 chevaux de toutes races, répartis en 20 groupes, relève des blessures majoritairement superficielles, situées pour la plupart sur le corps et la croupe, principalement le jour de l’intégration, mais aucune blessure grave. Il n’y pas de différences liées à l’âge ni entre juments et hongres, bien que les groupes de jeunes sans adultes présentent des comportements plus agressifs.
Les phases de sortie et d’entrée d’un cheval dans un groupe stable semblent en général ne pas poser de problème particulier, ainsi que la gestion d’un cheval seul une fois sorti de son groupe. Une vigilance dans la conception de la zone d’entrée et une éducation spécifique des manipulateurs semble néanmoins préférable.
Enfin, différents modes d’alimentation collectifs en fourrage ont été testés, de l’étalement au sol aux filets petites mailles, râteliers, « cornadis » et stalles d’affouragement individuelles avec ou sans contact entre chevaux sur les comportements de menace et d’agression. C’est la distribution en filets et en stalles individuelles qui minore les comportements menaçants. Enfin, plus la disponibilité journalière du fourrage est importante, moins les chevaux expriment de comportements agonistiques.
Prévoir un temps d’acclimatation de quelques jours préalable à la mise en groupe : boxes ou paddocks voisins.
Allouer suffisamment d’espace aux chevaux en groupe pour permettre l’évitement et une place d’affouragement pour chacun.
Au moins dans un premier temps : présenter des chevaux déferrés, notamment les postérieurs.
Compilant zones d’alimentation automatisés – fourrages par accès intermittent, DAC (distributeur automatisé de concentré), d’abreuvement, de repos et de détente, sur une aire stabilisée, le concept d’écurie active permet d’allouer espace et relations sociales aux chevaux, même au travail, tout en maintenant une gestion personnalisée. Phénomène de mode ou écurie de demain, à vous de juger !
Laetitia Marnay
Ifce
Pour en savoir plus : Présentations de JB Burla (Suisse), K Boe (Norvège), C Mejdell (Norvège), S Briefer Freymond (Suisse) et Clotilde Dubois (France) dans le cadre d’équi-meeting infrastructures 2014 sur www.equivod.fr
Plus de détails sur ces journées sur www.equimeeting.fr