Le distributeur automatique de concentrés est un outil incontournable pour l’hébergement de chevaux en groupe. Ce mode de conduite améliore indéniablement leur bien-être par la liberté de locomotion et les contacts sociaux. Il demande cependant de répondre à un certains nombre de questions comme l’alimentation individualisée. Observons comment en plus de cette fonction, il permet de générer du mouvement chez les chevaux et contribue à les garder en forme.
A priori oui et il a de très bonnes raisons pour cela. Animal de steppe, il doit, à l’état naturel se contenter d’une alimentation pauvre et peu abondante. L’économie d’énergie n’est donc pas un luxe mais un besoin vital pour sa survie. Dans les zones particulièrement arides, les chevaux qui marchent plusieurs dizaines de kilomètres par jour sur des sols durs et abrasifs en développent même des fourbures chroniques. L’expression « marche ou crève » s’applique là au 1er degré. L’exposé du Dr Chris Pollit à l’Equimeeting maréchalerie de 2011 le démontre
parfaitement. Même si notre cheval domestique diffère quelque peu des populations sauvages d’origine, la base comportementale de l’espèce reste commune. Les chevaux au pâturage vont donc se comporter naturellement en se déplaçant lentement toute en mangeant. Ils parcourent ainsi plusieurs kilomètres par jours et si la pâture ‘est pas trop riche, tout se passe pour le mieux. La chose se complique lorsque les chevaux sont hébergés sur des surfaces restreintes et alimentés au foin.
Restant économes de leur dépense énergétique, ils se mettent à « squatter » autour des râteliers, se déplacent très peu et … grossissent. Les dominants passant tout leur temps au foin deviennent obèses, ce qui n’est ni chez l’homme, ni chez le cheval un signe de bien–être. On peut certes pratiquer le slowfeeding pour limiter la vitesse d’ingestion mais cela ne permet pas de retrouver un rythme de locomotion naturel.
Le slowfeeding
Il y a deux façons de générer de la locomotion chez un cheval : le forcer ou lui donner envie. On peut effectivement forcer un cheval à se déplacer sur un tapis roulant, dans un marcheur ou même monté voire en main. Certaines de ces méthodes n’ont rien de passionnant pour le cheval et toutes nécessitent investissement et / ou main d’oeuvre. Ces outils et ces méthodes ne sont pas à dénigrer mais il semble plus approprié de les réserver à un entraînement sportif spécifique. On peut aussi motiver un cheval pour qu’il se déplace. Les études des chercheurs en éthologie montrent que la nourriture est le moyen facile et pratique de générer de la motivation chez le cheval.
A partir du moment où il a compris qu’il recevait un peu de grain au distributeur de concentrés, le cheval va de prendre l’habitue d’aller y « tenter sa chance » régulièrement. En le positionnant de façon stratégique par rapport aux autres points d’intérêt de l’écurie active, il devient ainsi la « pompe à locomotion » du système. On arrive ainsi à faire marcher les chevaux entre 5 et 10 km par jour sur des surfaces qui restent souvent relativement petites notamment en hiver lorsque les pâtures sont fermées pour les préserver du piétinement.
Les utilisateurs de distributeurs de concentrés en conviennent. Cette description est globalement juste mais il faut également tenir compte des relations entre individus dans le groupe. Effectivement, la cohésion du groupe résulte en partie des affinités entre individus. Ainsi dans les couples ou petits groupes qui comportent le troupeau se déplacent ensemble. Certains chevaux étant plus meneurs et d’autres plutôt suiveurs, il est parfois nécessaire de donner un peu de concentré à un cheval trop gros afin qu’il entraine ses collègues. Dans ce cas, on pourra lui donner un aliment pauvre comme du son. De cette façon, l’énergie dépensée pour aller au distributeur de concentrés sera supérieure à celle récupérée dans l’aliment. Et voila comment, attirés par leur gourmandise, les chevaux en surpoids se remettent au sport à leur insu grâce à la distribution automatisée du concentré.
Le responsable de l’écurie active qui observe son troupeau va identifier les affinités et relations de dominance qui y règnent. De cette façon, il va ajuster le rationnement en qualité, quantité et fractionnement de façon à optimiser les déplacements pour chaque individu. Le temps gagné sur les tâches quotidiennes est donc en partie mis à profit pour une meilleure observation et connaissance des habitudes et comportement de chacun des chevaux qui composent le troupeau.