La zone principale de l’écurie active comprend toujours une zone de roulade. Ce comportement que l’on peut qualifier de « maintenance » permet au cheval de se gratter et de se couvrir de sable soit pour se protéger des parasites cutanés, soit tout simplement pour faire râler son soigneur qui vient de passer de longues minutes à le brosser ou à le doucher. L’aménagement des structures équestres n’est pas une science exacte et celui qui risque de râler le plus, c’est le propriétaire qui finit de réaliser une zone de roulade pour se rendre compte que les chevaux préfèrent se rouler 10 mètres plus loin. Faisons un petit point pour mettre toutes les chances de notre côté.
A l’état naturel, on constate que les chevaux se roulent généralement toujours aux mêmes emplacements qui jalonnent leur domaine vital. Ces zones de roulades sont en général situées à proximité des pistes qui servent lors de leurs déplacements collectifs. On peut également observer que ce sont des zones plutôt sablonneuses et sèches où l’on retrouve des poils provenant d’un grand nombre d’individus. Ces zones sont exemptes de déjections et demeurent donc propres.
L’expérience montre qu’en aménagement d’écurie active une règle comportementale se vérifie dans 100 % des cas. Les zones situées à proximité des râteliers ou des distributeurs de fourrage recueillent l’immense majorité des crottins et des urines. De plus, si ces zones sont composées de sable meubles, elles deviennent très rapidement les latrines de l’écurie active et les chevaux ne s’y roulent pas. Il est donc recommandé d’installer la zone de roulade à distance des zones de distribution de l’alimentation pour les garder propres.
Pour qu’un cheval se roule, il doit être en confiance. On va donc installer la zone de roulade loin des espaces anxiogènes. On évitera ainsi les endroits encaissés, ou situés à côté d’un mur ou d’un bâtiment derrière lequel les chevaux n’ont pas de point de vue. Il y a toutes les chances pour que les plus craintifs n’apprécient pas ces endroits.
Il faut bien garder à l’esprit que pour un cheval se rouler est un comportement lié non seulement à son bien-être et au besoin de se gratter mais que c’est également un comportement social . Il est fréquent en effet d’observer que d’autres chevaux vont se rouler lorsqu’un individu a initié le mouvement. Les raisons profondes de cette dimension collective restent l’objet de suppositions ; peut-être est-ce la même chose que le bâillement chez l’homme ? Un cheval qui se roule en ferait-il rouler d’autres ? En conditions naturelles, les chevaux vont avoir tendance à se rouler plus ou moins simultanément. Ils n’attendent pas que le premier ait fini pour s’y mettre et il est donc préférable, dans la mesure du possible de créer une zone de roulade de l’ordre d’environ 80 m² pour répondre à ce comportement naturel collectif. Si l’espace disponible ne permet pas d’allouer une telle surface à l’aire de roulade, on évitera de construire des zones de roulades de moins de 4m x 4 m. Les vieux chevaux et les chevaux les plus raides sont parfois hésitants à se rouler, il leur faut un certain espace pour qu’ils osent prendre des postures qui pourraient réveiller quelques douleurs d’arthrose. Il leur faut alors avoir confiance dans le sol sur une zone suffisamment étendue.
En pratique :
Une fois l’emplacement et les dimensions définies pour l’aire de roulade, il faut en déterminer le profil et les caractéristiques qui vont faire qu’elle va répondre aux attentes et durer dans le temps.
L’aire de roulade doit être portante, drainante, résistante aux grattages et roulades sans générer de poussière tout en gardant sa souplesse.
On va donc s’assurer que le sol ou la plate forme soit suffisamment compactée et présente une pente d’environ 1 % pour évacuer les eaux de pluie. Si le terrain est préparé par un professionnel, on demandera une portance de 25 MPa minimum. Cette plateforme sera impérativement recouverte de dalles de stabilisation afin de la protéger des grattages que les chevaux font de manière assez systématique avant de se gratter. Les dalles seront remplies de matériau drainant comme un gravillon 4/6 ou, à défaut, de sable. On recouvrira enfin la zone d’une épaisseur de 15 à 20 cm de sable pour apporter tout le moelleux à ce confortable matelas. On cherchera un sable roulé ou roulé / lavé de granulométrie 0/2 à 0/4 avec de préférence le moins d’argile possible pour ne pas générer de poussière. Le critère économique est ici à prendre en compte car on ne demande pas de qualités exceptionnelles à ce sable, la plupart des sables roulés conviendront.
La zone de roulade doit être installée loin des zones d’affouragement mais comme un cheval ne se roule pas non plus 5 fois par jour, on ne peut pas considérer qu’elle constitue un point d’intérêt majeur qui génère de la locomotion. Elle peut donc être située proche d’autres points d’intérêt que sont par exemple l’abreuvoir, la pierre à sel ou encore le dortoir à condition que ce dernier soit paillé ou équipé de toilettes afin que la zone de roulade demeure propre.
Dans les endroits qui sont déjà fréquentés par des chevaux, il est toujours utile de repérer les zones sur lesquelles les chevaux se roulent déjà. En observant l’environnement et la nature du sol, on peut prendre quelques indices nous indiquant quels sont leurs critères pour se rouler ici plutôt qu’ailleurs. Encore une fois, ce sont souvent les chevaux qui nous indiquent ce qui est bien pour eux, à nous de les observer finement et objectivement de façon à leur proposer l’environnement qui leur correspond le mieux.