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L’accès au fourrage en écurie active - Ecurie Active

Rédigé par Arnaud Lallemand | Apr 23, 2018 11:32:52 AM

Le fourrage est la base de l’alimentation des chevaux. Le cheval a un régime alimentaire beaucoup plus varié que l’on ne l’imagine traditionnellement. Naturellement adapté à l’alimentation que lui offre un biotope de steppe, il consomme en fait toutes sortes de végétaux : de l’herbe mais aussi des fruits, des racines, des écorces, des bourgeons et des feuilles. Quoi qu’il en soit, l’herbe reste la base de son alimentation et dans la gestion d’un troupeau lorsque le troupeau est nourri au foin, il est important que chaque cheval ait accès au fourrage selon ses besoins. Dans la nature, les chevaux ne se battent pas pour un brin d’herbe. Il est important qu’il en soit de même en écurie active. Voyons quels équipements utiliser et comment dimensionner les infrastructures pour que tous les chevaux accèdent au fourrage selon leurs besoins sans que la hiérarchie du troupeau ne les en empêche. Une petite approche économique permettra également d’envisager le mode de distribution qui convient le mieux et surtout d’optimiser les investissements.

Le mode de distribution du fourrage

Les modes de distribution du fourrage ont déjà été abordés dans cet article.

Pour résumer, on va distinguer 3 façons de distribuer le fourrage :

Le libre-service (avec ou sans filet de slowfeeding) Les façades programmables qui s’ouvrent et se referment à intervalles programmés Les distributeurs individuels de fourrage qui permettent au cheval d’être isolé de ses congénères quand il mange ainsi que de réellement individualiser la ration des chevaux.

Combien d’automates pour distribuer le fourrage

Imaginons une écurie active où tout le fourrage est distribué par des distributeurs individuels :

L’expérience montre qu’une place de distributeur individuel permet d’alimenter 4 chevaux. Pour alimenter 20 chevaux, il faut : 20/4= 5 distributeurs individuels.

Pour une écurie avec façades mobiles programmables,

L’expérience montre que pour qu’un groupe de chevaux stable et calme mange simultanément, il faut au moins 1.5 passage d’encolure par cheval. Les expériences menées en suisse prennent cette valeur comme minimum mais recommandent plutôt 2 passages d’encolure par cheval.

Pour alimenter 20 chevaux, il faudrait donc idéalement 20 x 2 = 40 passages d’encolure ; comme une façade programmable présente 4passages d’encolure, cela représente 10 façades de 3m.

Le montant d’investissement par cheval revient au même d’une solution à l’autre, compter aux alentours de 2000 € par cheval. Comme la solution individualisée génère plus de calme entre les chevaux et une régulation plus précise des quantités ingérées par individus, elle est privilégiée dans l’immense majorité des structures.

Le fourrage en libre-service

Pour la distribution du fourrage en libre-service, le ratio précédent est conservé, on conserve le ratio de 2 passages d’encolure par cheval. Pour alimenter un groupe de 20 chevaux, on installera donc nos 40 passages d’encolure. Suivant le modèle de façade d’affouragement, un module de 3m présente 4 ou 5 passages d’encolure. On installera donc entre 8 et 10 façades.

Nombre d’écuries utilisent des râteliers à fourrage. On remarque qu’autour d’un râtelier à balle ronde qui a 4 faces d’environ 2m, on observe rarement un état de calme suffisant lorsqu’il y a plus d’1 cheval par face de râtelier. On comptera donc un râtelier pour 4 chevaux. Les râteliers dans lesquels les chevaux passent la tête à l’intérieur comme le Durapoly limitent un peu plus les mouvements des chevaux qui doivent fournir plus d’effort pour chasser leurs congénères. On comptera donc plutôt 5 chevaux par râtelier dans ce cas.

Comment agencer les façades d’affouragement pour optimiser leur utilisation et le calme dans le troupeau ?

Que ce soit en slowfeeding ou en libre-service pur, la multiplication des points d’affouragement s’accompagne toujours de plus de calme dans le groupe. En effet, les troublillons qui empêchent les autres de venir manger ou les chevaux qui ne s’apprécient pas ne pourront pas générer de tension autour de 2 points d’affouragement à la fois. C’est pourquoi, on recommande plutôt de multiplier les ilots de distribution que de créer un grand bâtiment ou une grande façade d’affouragement.

Pour reprendre notre exemple, pour alimenter 20 chevaux, il faudra 10 façades que l’on pourra répartir en :

Solution 1 : un ilot de 4 façades (3mx3m) un ilots de 6 façades (3mx6m)

Solution 2 : un ilot de 4 façades (3mx3m) 2 ilots de 3 façades (3mx3m) positionnés en limite de parcelle pour faciliter leur réapprovisionnement. On observera que la solution 2 génèrera encore plus de calme que la solution 1.

Les solutions mixtes avec porte sélective

La porte sélective est très utilisée pour réguler l’accès à une zone de libre-service. Combinée à des distributeurs individuels de fourrage, elle permet de créer une écurie qui régule la consommation de fourrage pour les chevaux qui en ont besoin et de laisser en libre-service les chevaux qui s’en accommodent. C’est la solution qui permet de rationnaliser l’investissement avec un seul automate (porte sélective) pour la moitié ou 1/3 du troupeau. A l’éleveur de bien définir ses besoins en fonction du troupeau qu’il souhaite alimenter. En pratique, on prend un peu de marge en grossissant la capacité d’accueil du libre-service.

Par exemple pour un troupeau de 20 chevaux :

3 distributeurs automatiques de fourrage pour 3×4=12 chevaux

1 porte sélective Reste 8 place en libre-service à programmer soient 8×2= 16 passages d’encolure. Cela peut être 4 façades de 4 places ; en pratique, on optera souvent pour 4 façades de 5 places pour e donner un peu plus de flexibilité.

L’alimentation est le premier poste du budget temps du cheval, il y passe le plus clair de son temps. Pour générer du calme et de la sérénité, il est important que ce temps se passe dans le calme un peu comme des chevaux au pâturage. Les éléments cités ci-dessus sont le fruit d’années d’observation sur différentes configurations d’écuries actives. Elles ont fait leurs preuves, mais c’est à chacun de continuer d’observer pour comprendre ce que les chevaux ont à nous dire.