L’écurie active est le mode d’hébergement en groupe avec automatisation de la distribution de l’alimentation qui vise à optimiser le bien-être des chevaux. S’il est recommandé pour l’immense majorité d’entre eux. Il demeure quelques cas pour lesquels il est légitime de se poser la question de la pertinence d’un hébergement en groupe. Après avoir clarifié les postulats de base de l’hébergement collectif, nous détaillerons les cas particuliers pour lesquels il faut se poser la question avant d’intégrer un cheval dans l’écurie active.
Le cheval est un animal grégaire qui a naturellement besoin du groupe. Celui-ci lui apporte la sécurité ainsi que les contacts sociaux avec ses congénères qui contribuent à son équilibre mental. Cependant, l’ambiance du groupe peut également générer un certain stress. C’est le cas lorsque la composition du groupe change. En effet, les affinités et relation de dominance sont alors remises en question et il faut un certain temps pour que la sérénité retrouve son optimum. Ce sera plus facilement le cas si les chevaux disposent d’accès à l’herbe et de larges espaces. C’est pourquoi, pour toutes les activités d’hébergement qui voient des modifications fréquentes de la composition du groupe, l’écurie active n’est pas le mode d’hébergement approprié. De plus, comme l’intégration d’un cheval au groupe puis son apprentissage des automates prennent plusieurs semaines, il est inutile de réaliser ces opérations pour un cheval qui ne restera que quelques mois sur la structure. Ce sera le cas pour les écuries de commerce où les chevaux vont et viennent au fur et à mesure des ventes et des achats. L’écurie active ne convient pas non plus aux écuries de convalescence, de soins ou d’hébergement temporaire.
Ils sont très rares car les modes d’élevage de la plupart des grands pays d’élevage sont en général extensifs avec des poulains qui grandissent en groupe. Il faut savoir qu’un individu qui aura grandi hors d’un groupe social aura très mal acquis les comportements sociaux de l’espèce. C’est un peu comme s’il « parlait mal la langue » de ses congénères. Dans ce cas, la vie en groupe avec une forte promiscuité peut être compliquée pour certains de ces chevaux et pour leurs congénères. Il sera donc recommandé de le mettre tout d’abord en présence d’un autre cheval connu pour sa « tolérance » sociale afin d’observer les comportements du nouveau venu et de définir s’il est suffisamment socialisé pour comprendre les autres chevaux, éviter les dominants et se faire comprendre. Les principaux risques résident dans le fait qu’ils ne prennent pas en compte les menaces et que ces dernières se transforment en agressions ou qu’il soit lui-même agressif sans prévenir. C’est la compétence d’éthologie (par l’observation des comportements) de l’homme de cheval qui permettra de définir si le cheval peut intégrer le groupe de l’écurie active.
Les soins, l’absence de prédation et l’alimentation permettent au cheval domestique d’atteindre des âges avancés alors que dans la nature, les chevaux qui s’affaiblissent deviennent vite le repas des prédateurs. Ces chevaux dont la perception générale baisse et dont la locomotion devient plus pénible sont aussi moins alertes par rapport à leurs congénères. Il est donc important de bien les observer et d’organiser un cadre de vie qui correspond bien à leur grand âge. La présence de jeunes plus vigoureux qui peuvent les pousser ou vouloir jouer peu leur donner un coup de jeune mais seulement jusqu’à un certain point. Cette trop grande agitation devient parfois incompatible avec leur état de santé. Il faut donc bien observer avant de vouloir intégrer les très vieux chevaux à un groupe existant surtout s’il composé de beaucoup de jeunes. Il est parfois plus approprié de regrouper les plus vieux dans des groupes d’individus ou l’ambiance sera calme et où ils pourront passer leurs vieux jours à leur rythme. L’écurie active est un mode d’hébergement très indiqué pour eux car il leur permettra de garder une activité physique modérée et de s’alimenter de façon plus régulière et efficace. Certaines écuries actives ont d’ailleurs plusieurs groupes de chevaux dont un groupe de chevaux plus calmes et plus âgés comme La ferme équestre de Randeynes ou encore Equi’libre 40 , structures spécialisées dans l’accueil de chevaux en retraite.
L’écurie active est-il un mode d’hébergement adapté à l’élevage ? La réponse est oui dans la mesure où l’on peut isoler la jument qui se prépare à pouliner. En effet, c’est d’une part un comportement naturel que le fait de se mettre un peu à l’écart du groupe pour la mise-bas. De plus, il ne faudrait pas qu’une jument suitée d’un petit poulain aille s’isoler dans le DAC alors que son poulain reste dehors, un moment de panique pourrait alors survenir. C’est pourquoi les éleveurs qui hébergent les chevaux en écurie active attendent au moins que le poulain atteigne 3 mois et démontre suffisamment d’autonomie pour réintégrer la mère et son foal dans le groupe. Par contre, le mode d’hébergement est très bénéfique aux jeunes en croissance et effet, la présence de chevaux adultes dans le groupe améliore leurs compétences sociales et tempère l’agressivité excessive qui est inévitablement observée dans les groupes composés exclusivement de jeunes ou comprenant trop peu d’adultes. Il est démontré que ces chevaux développent des capacités d’apprentissage plus importantes et une meilleure relation à l’homme. C‘est un mode d’élevage finalement très naturel ou chaque individu reçoit l’alimentation qui correspond à son stade physiologique et à ses besoins.
Les chevaux entre eux se jugent ils en fonction de la discipline qu’ils pratiquent ? Les chevaux de complet sont-ils plus ou moins sociaux que les chevaux de CSO ou de polo ? Ces questions n’ont bien sûr aucun sens du point de vue équin mais semblent préoccuper encore un certain nombre de cavaliers. L’hébergement des chevaux de sport en écurie active est tout à fait possible. Il se pratique dans beaucoup d’écuries et est même bénéfique à leur équilibre mental et à leur bien-être comme à celui de tous les autres chevaux. Le seul critère à respecter est une fois de plus la stabilité du groupe. Le fait que certains chevaux quittent ponctuellement le groupe pour partir un week-end ou quelques jours en compétition ne pose aucun problème. Ils auront droit à quelques flairements et rituels sociaux à leur retour et tout redeviendra calme dans les 2 minutes qui suivront. La vie en groupe constitue même un avantage dans certaines disciplines ou les chevaux travaillent en groupe comme le polo, le horse-ball, l’attelage etc. C’est bien sûr un gage de sécurité pour les chevaux de club qui restent à leur place en reprise montés par des chevaliers débutants. C’est enfin un excellent apprentissage pour tous les chevaux des autres disciplines qui sont de toute façon confrontés au stress de la promiscuité sur les terrains de détente et qui seront d’autant plus calmes, concentrés et disponibles qu’ils sont habitués à vivre en groupe. Reste la question de la ferrure qui est à la discrétion du propriétaire de l’écurie. Il existe les écuries actives ou les chevaux sont déferrés derrière, d’autres où ils sont ferrés derrière, d’autres écuries solutionnent la question en posant des fers plastique à l’arrière. Lorsque l’écurie est bien agencée et que le groupe est stable, cela ne pose en fait aucun problème car l’alimentation est distribuée en continu et les chevaux ne manquent de rien. Ils n’ont donc pas de raison de se battre.
En définitive, en dehors du cas particulier des étalons, il n’existe quasiment pas de chevaux inaptes à vivre en écurie active et le seul critère à respecter est celui de la stabilité du groupe. Il revient juste au responsable de la structure de bien observer son troupeau afin de déceler les premiers signes de tension sociale en plus des signes cliniques observés dans toutes les bonnes écuries. Avec un agencement correctement effectué garce aux conseils d’un expert et aux équipements de l’écurie active, l’immense majorité des chevaux peut bénéficier des meilleurs conditions d’hébergement qui lui génèrent un bien–être optimal car adapté à l’espèce.