Organiser le calme dans l’écurie active
L’objectif de l’écurie active est entre autres de contribuer à générer une ambiance calme dans le troupeau. Pour cela une des idées de base est de partir du principe que le conflit nait lorsqu’une ressource est en quantité limitée. Les individus sont alors en compétition pour «avoir leur part». De deux choses l’une, soit on laisse toutes les ressources en accès libre, soit on fait «comme en politique»: on fait en sorte que les individus ne se rendent pas compte qu’ils ont un accès limité aux ressources afin qu’ils restent calmes. Plus sérieusement, nous allons donner ici les principes que les années d’expérience en écurie active en Allemagne et en France nous ont permis d’élaborer. Bien qu’ils continuent d’évoluer en permanence, ils servent aujourd’hui de base dans l’agencement des écuries actives.
Tout le monde a déjà observé la distribution de granulés dans une écurie en boxes … c’est exactement l’inverse de ce que nous cherchons à obtenir du point de vue ambiance dans une écurie active. Pour ce faire, l’automate (le DAC) permet d’abord d’augmenter la fréquence des repas de façon çà ce qu’un cheval mange en général toutes les 2 à 4 heures. Ces occasions plus fréquentes rendent la perception de l’évènement moins importante. De plus, le cheval qui mange est isolé des autres qui perçoivent moins ce qui est en train de se passer… Loin des yeux, loin du cœur … la tension a déjà baissé sérieusement. Rajouter à cela un obstacle entre l’entrée et la sortie du DAC pour que le cheval qui vient de manger ne vienne pas directement importuner celui qui va entrer à sa suite dans le DAC comme une clôture ou un tronc posé par terre et vous obtenez une ambiance zen autour de la zone des granulés.
https://creativem.co.uk/ecurieactive/articles/distributeur-automatique-de-concentres-chevaux-poumon-de-ecurie-active/
Pour rester dans l’alimentation, abordons la configuration de la zone de fourrage. Tout d’abord, le choix des équipements de distribution. Nous avons remarqué que des 3 modes de distribution possible du fourrage: libre-service, automate individuel ou façade programmable collective, c’est ce dernier mode de distribution qui génère le plus d’agitation. En effet, les chevaux ayant été frustrés en même temps, au moment où l’accès devient possible, les dominants expriment leur position sociale avec une certaine agressivité en ne laissant pas le subordonné accéder calmement au fourrage. Le calme revient seulement après plusieurs minutes d’ouvertures. Ce mode de distribution tend maintenant à disparaitre.
Avec les distributeurs individuels de fourrage (DIF), cela se passe un peu comme avec le DAC; tout le mode reste très calme autour, peut-être du fait de la moindre appétence de l’aliment et du fait que sur le nombre d’automates disponibles, il y a à peu près toujours une place de libre. Là encore, le cheval est isolé de ses congénères et peut donc bénéficier du calme requis pour manger tranquillement.
https://creativem.co.uk/ecurieactive/articles/utilisation-distributeur-fourrage-individuel/
https://creativem.co.uk/ecurieactive/articles/efficacite-distributeur-individuel-fourrage/
Dans les zones de libre-service, plusieurs règles sont à respecter. D’abord donner suffisamment de places d’accès aux chevaux: on recommande de ne jamais avoir moins de 1.5 passage d’encolure par cheval. Un très bon niveau de calme est observé souvent aux alentours de 2 passages d’encolure par individu dans le troupeau. Ensuite, maximiser le nombre de points de fourrage pour que les chevaux qui ne «s’apprécient pas» puissent se positionner chacun sur un poste différent. Cette configuration n’est souvent pas pratique pour de petits effectifs, mais à partir de 8 à 10 chevaux, il est préférable de multiplier les abris de distribution plutôt que d’avoir un gros abri principal.
Enfin, même pour les chevaux les plus rationnés qui consomment du fourrage exclusivement dans les distributeurs individuels, il est recommandé de donner de la paille en libre-service soit sous filet petites mailles pour en pas que les chevaux se goinfrent soit sur la litière de l’abri de couchage. De cette façon, les chevaux n’ont réellement jamais faim et demeurent calmes.
C’est très simple, dans le dortoir, pour obtenir du calme, il faut qu’il n’y ait rien. Ni alimentation, ni boisson, ni box d’intégration, ni sas d’entrée et de sortie. Seulement un sol sec et confortable pour se coucher et de l’ombre pour s’abriter de la lumière.
Le seul aménagement qui va améliorer le calme, ce sont des «paravents» installés de façon à morceler l’espace pour que les dominés puissent mettre un obstacle entre eux et les dominants. Attention toutefois à ne pas créer d’espaces trop exigus propices aux bousculades. Ménager au moins 6 m de dégagement dans chacun des espaces de l’aire de repos.
Enfin, on observe que les abris aménagés avec de la paille sont moins calmes que les abris sur dortoirs, car les chevaux viennent plus facilement manger la paille d’une part et uriner ou y faire leurs crottins d’autre part.
https://creativem.co.uk/ecurieactive/articles/batiment-dortoir/
S’abreuver est un comportement qui s’effectue généralement en groupe. Au sein d’un troupeau, les individus sont toujours regroupés par petits groupes selon les affinités qui se sont créées. Pour que chacun puisse boire et que le subordonné du premier groupe ne soit pas chassé avant d’avoir bu par le dominant du groupe suivant qui vient au point d’eau, on vérifie que suffisamment de chevaux peuvent boire ensemble et que le débit des abreuvoirs permet au groupe de boire suffisamment rapidement. Pour éviter les bousculades, on ménage un dégagement d’au moins 8 m autour des points d’eau.
Les couloirs de circulation entre les points d’intérêt sont des espaces un peu plus exigus que les plateformes accueillant des postes d’alimentation. Pour que les groupes de chevaux qui composent le troupeau puissent s’y croiser dans le calme (c’est-à-dire au pas), ils doivent être suffisamment larges. 10 m est la largeur recommandée et qui donne de bons résultats. À défaut, on se contentera de 8 m, mais si on va en dessous, on se rend compte que les chevaux accélèrent, passent au trot ou au galop. C’est un signe de stress auquel il faut porter attention.
Enfin, il ne faut pas oublier que le cheval est le miroir de l’homme et que le premier facteur de calme dans l’écurie active est la personne qui s’en occupe. Une attitude stressée est tout de suite perçue par les chevaux. Sans faire d’anthropomorphisme galopant, on peut facilement projeter que s’ils détectent notre stress, ils peuvent penser que nous sommes légitimes et qu’un danger guette. Et la contagion du stress commence. Lorsqu’on observe des comportements de stress chez des chevaux en écurie active ou ailleurs n’est-il pas judicieux de se demander si nous n’en sommes pas la cause avant de chercher une autre explication?