L’un des critères de réussite de l’écurie active est, comme on le sait, un agencement judicieux qui permet d’une part de générer de la locomotion et d’autre part de créer une ambiance calme dans laquelle chaque cheval s’épanouit au sein du groupe sans devoir pâtir de la promiscuité. Outil de cet agencement, le portillon anti retour est une, comme son nom l’indique, une barrière étroite que le cheval ne peut pousser et donc franchir que dans une seule direction.
Le portillon anti retour est de conception simple et robuste. Il va être utilisé de façon très intense en fonction de son emplacement (plus de 200 fois par jour à la sortie d’un DAC ). Il est constitué d’une porte à pousser en acier galvanisé dont la fermeture est automatisée par deux ressorts. On positionne un tampon caoutchouc sur le poteau ou la structure sur lequel il se referme pour ne pas générer de bruit. Un arc caoutchouc équipé de ruban électrique peut y être installé pour empêcher un cheval trop dégourdi de venir l’ouvrir à contre sens.
L’installation d’un portillon anti-retour est très simple : d’un côté les gonds équipés de ressorts sont fixés au support et de l’autre, seule une protection caoutchouc limite le bruit et l’usure du support. La hauteur est choisie en fonction du gabarit des chevaux hébergés. Il faut que chacun d’eux puisse passer la tête par-dessus et pousser. Les plus petits shetlands, difficilement gérables passent quant à eux par-dessous. Pour éviter qu’un cheval ne prennent l’habitude d’ouvrir le portillon à contre sens ou qu’il importune son congénère en train de manger dans un automate, on peut coupler au portillon un arc plastifié doublé d’un ruban électrique.
La première utilité du portillon anti retour est, positionné à la sortie des différents automates, d’empêcher tout cheval de venir perturber son congénère en train de manger ou de franchir une porte sélective.
Sa deuxième utilité est de permettre le retour des chevaux depuis une zone aux accès gérés par porte sélective vers la zone commune.
Enfin, sa troisième utilité est de permettre le passage à hauteur du DAC lorsque l’entrée et la sortie de ce dernier sont séparées par une clôture.
Ce dispositif est en général mis en place lorsque le DAC est installé assez proche de la zone de fourrage. On « oblige » alors les chevaux à faire un détour pour rejoindre le DAC depuis la zone de fourrage. Une fois sorti du DAC, le cheval ne peut franchir la barrière qui le sépare de l’entrée. D’une part, il laisse tranquille les autres chevaux lui succédant au DAC et d’autre part, cela incite les chevaux à plus de locomotion.
Comme on ne veut pas risquer qu’un cheval se fasse coincer contre la clôture au niveau du DAC, le portillon anti-retour sert en quelque sorte « d’issue de secours ».
L’apprentissage du portillon anti retour est certainement celui qui prend le plus de temps dans une écurie active. En effet, les chevaux sont éduqués à respecter les clôtures très souvent électrifiées et ont donc une appréhension à venir au contact d’une part et à pousser le portillon d’autre part.
On procède donc par habituation selon les étapes suivantes en ne passant pas à la suivante tant que la précédente n’est pas assimilée avec un cheval calme.
Comme toutes les habituations, elles sont d’autant plus compliquées que le cheval a un tempérament peureux et une forte sensibilité tactile. C’est en général plutôt le cas des chevaux près du sang mais l’expérience montre qu’il ne faut pas trop généraliser.
La grande limite du portillon anti-retour provient de la nature même du cheval. C’est un animal d’espace ouvert, naturellement adapté à a steppe. Les test d’aptitude au contournement (problématiques de labyrinthes) sur les chevaux montrent que l’espèce montre des difficultés pour se sortir de ces situations. Dans l’esprit du cheval, il est difficile d’imaginer qu’on puisse se rendre d’un point à l’autre autrement qu’en ligne droite.
C’est pour cette raison que l’aménagement de leur lieu de vie doit être le plus ouvert possible. On limitera donc au minimum nécessaire le nombre de portillons anti retour dans une structure d’écurie active. L’expérience montre que plus l’espace est cloisonné, moins les chevaux bougent, ce qui va à l’encontre des objectifs d’une écurie active.
Si le portillon anti retour est un outil bien pensé, simple, efficace et très abouti, il faut garder à l’esprit que son utilisation par le cheval est peu naturelle et qu’il ne faut donc pas en abuser dans la conception d’une écurie active. Les apprentissages peuvent parfois prendre beaucoup de temps pour les individus les plus peureux ou sensibles. Certains gardent même une appréhension et préfèrent l’éviter quand ils le peuvent en sortant des automates en reculant. A installer avec parcimonie…