La stratégie d’alimentation dans une écurie active
L’alimentation en écurie active cherche à reproduire au plus près le comportement alimentaire observé chez le cheval en environnement naturel. Il doit également tenir compte des spécificités et besoins des chevaux domestiques ainsi que des chevaux présentant des pathologies pour lesquelles l’alimentation entre en jeu.
Pour recréer un fractionnement alimentaire et le budget temps du cheval « au naturel », des automates permettent de gérer les accès des chevaux aux ressources alimentaires que ce soient le concentré, le fourrage ou le pâturage.
DAC et compagnie, les automates de l’écurie active
Chaque cheval est équipé d’un transpondeur qu’il porte au niveau de la tête soit dans un collier soit fixé dans la crinière. C’est l’élément qui permet de le reconnaitre via l’antenne de chaque automate. Le système informatique permet ensuite d’établir une ration par animal avec si besoin jusqu’à 3 fourrages différents une ration concentrée établie à partir de 2 aliments ainsi qu’un complément minéral.
Le transpondeur permet de gérer individuellement les accès ou les horaires d’accès via la porte sélective. Cet équipement gère soit l’accès à une zone de distribution du fourrage en libre-service soit l’accès aux pâtures qui peut être restreint ou interdit aux chevaux et poneys trop gras ou sujets à des pathologies liées à la consommation d’herbe comme la fourbure.
Selon les besoins et spécificités du troupeau, le foin pourra être distribué intégralement de façon individuellement rationnée, collectivement rationné via les façades d’affouragement programmable, en libre-service ou n’importe quelle combinaison de ces modes de distribution via des portes sélective. Chaque écurie peut donc s’équiper pour répondre spécifiquement aux besoins de chaque individu.
On peut établir les modèles suivants pour alimenter un troupeau de chevaux en fonction d’une part de ses spécificités en terme de besoins alimentaires des chevaux mais aussi en fonction du niveau de contrôle des consommations souhaité et enfin évidemment du budget alloué aux équipements de la structure.
Modèle 1 : L’écurie libre-service
Le modèle le plus simple est celui qui compte un DAC et une distribution en libre-service du fourrage. Cela convient à des chevaux aux besoins relativement importants dont la capacité d’ingestion couvre bien les besoins comme des poulinières, des chevaux avec une activité régulière comme des chevaux d’instruction ou encore des chevaux de grand gabarit plus dur à tenir en bon état corporel.
Modèle 2 : l’écurie régulée
Ce modèle comporte un DAC et une régulation collective de l’accès au fourrage via des façades de distribution programmables. Cela sous-entend que les chevaux bénéficient tous du même temps d’accès au fourrage et que leurs besoins sont relativement homogènes. En pratique, rare sont les troupeaux où tous les chevaux ont les mêmes besoins et l’on pondère cela avec l’installation de distributeurs individuels ou des zones de libre-service intégral.
Modèle 3 : L’écurie contrôle
A l’opposé de deux premiers modèles, on peut nourrir l’intégralité des chevaux avec un DAC et des distributeurs individuels de fourrage. Ce système permet de contrôler la quantité de fourrage consommée pour chaque cheval ou poney. Cela convient surtout pour des chevaux de petit gabarit plutôt rustiques et qui ont une tendance naturelle à l’embonpoint. Cela convient aussi pour des chevaux de sport dont on veut surveiller le tour de taille.
Modèle 4 : L’écurie à 2 zones
Ce système comprend une zone commune équivalente à l’écurie du modèle 2 avec un DAC et de distributeurs individuels de fourrage. La différence est l’ajout d’une porte sélective qui régule l’accès à une zone où le fourrage est distribué en libre-service. Typiquement, les chevaux aux forts besoins pourront accéder plus longtemps à cette zone alors que les autres ne consommeront leur fourrage que dans les distributeurs individuels.
Ces 4 modèles types ne sont que des modèles de base et chaque projet doit faire l’objet d’une réflexion et d’une approche spécifique pour inventer le modèle qui correspond précisément aux chevaux d’une part, aux activités développées et à la personnalité et la façon dont le gérant souhaite s’organiser et travailler avec ses pensionnaires. Enfin, ces modèles ne décrivent que la zone active et l’accès au pâturage doit également faire l’objet de choix quant à l’opportunité d’une régulation programmable ou traditionnelle par l’éleveur.
Gestion du troupeau et observation
En pratique, la gestion du troupeau se fait de façon beaucoup plus fine et plus pointue qu’en se basant aveuglément sur les besoin de chaque individu. La dimension sociale est capitale. Les relations d’affinités et de dominance influencent considérablement les comportements alimentaires des chevaux. Ils ne fonctionnent pas individuellement mais principalement dans le cadre de relations d’affinités dont on doit tenir compte y compris dans le paramétrage des automates.
Par exemple, si un cheval gros et un maigre ont de fortes affinités, le maigre n’ira pas suffisamment au DAC si le gros n’a pas de concentré et s’en désintéresse. Il faudra alors accorder une petite ration de concentré au gros pour que son compère vienne régulièrement et profite de sa ration.
Autre exemple : un cheval qui a besoin de reprendre du poids mais qui est en bas de la hiérarchie. On e dit que le foin en libre-service lui sera plus profitable. Malheureusement, on peut parfois constater que la présence des autres chevaux au râtelier l’intimide et qu’il préfère attendre pour manger. On aura alors tout intérêt à le nourri via un distributeur individuel dans lequel il est isolé et plus tranquille et profitera mieux de sa ration.
Il y a presque autant d’exemples que d’écuries d’adaptations et de gestion que l’éleveur doit effectuer pour garantir le bien-être de ses pensionnaires. L’observation humaine est bien un facteur central de bien être des chevaux. Les automates de l’écurie active ont pour objectif de fractionner l’alimentation, de rendre les horaires de travail plus flexibles et de faciliter le travail. Ils ne remplaceront cependant jamais les yeux de l’éleveur. Une partie du temps ainsi libéré doit impérativement être consacré à l’observation et à la connaissance du troupeau, des interactions entre les chevaux et de leurs évolutions. Cela est indispensable pour prendre les décisions de paramétrage des automates d’une part et pour offrir aux chevaux l’écurie et le cadre qui leur apporte le plus de bien-être et de sérénité.
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