La paille, sous-produit de la culture des céréales est traditionnellement utilisée dans l’hébergement des chevaux pour deux fonctions principales : l’alimentation et la litière.
L’éthologie scientifique s’est penchée sur la question du bien-être. Après avoir fait le point des connaissances sur la litière en paille en écurie traditionnelle ainsi qu’en hébergement en groupe, nous allons nous pencher sur les solutions techniques et les choix qui se présentent en matière de distribution de la paille ainsi que les conséquences en terme d’installations, de matériel et de temps de travail et bien sûr de bien-être et de confort des chevaux.
La paille est composée de la tige (ou chaume) des céréales récoltées à maturité. Sa couleur jaune indique que la plante est fanée, qu’elle a séché et que presque toute l’énergie a été concentrée dans les grains. Elle est composée pour moitié de cellulose ainsi que l’hémicellulose et de lignine. Elle est donc peu énergétique, peu digestible et peu apparente pour les chevaux. La valeur énergétique de la paille est très variable alors que la teneur en matière azotée est toujours très faible.
La première fonction de la paille est d’être utilisée comme litière. Comme elle est creuse, elle est relativement absorbante et permet de recueillir les liquides et de servir de support à la collecte des déjections. Ses capacités absorbantes sont néanmoins bien moins importantes que celles des copeaux de bois.
Le confort procuré par la litière en paille est unanimement cité dans les études qui comparent les types de litière. La souplesse de la litière en paille est appréciée des chevaux pour le couchage. Il est vrai que le box fraichement paillé donne un aspect souple et une impression de confort auquel les cavaliers eux-mêmes sont sensibles.
Comme nous l’avons vu, la paille a une valeur alimentaire faible mais il arrive de trouver des pailles plutôt appétentes que les chevaux ont tendance à consommer assez volontiers. C’est là que les problèmes peuvent commencer. En effet, le cheval qui va se « goinfrer » de paille fraiche a toutes les chances de se faire un bouchon intestinal qui bloque le transit et déclenche une colique dont l’issue peut être dramatique. Si le problème des bouchons est assez récurrent, il se traite de façon ponctuelle.
Le second effet délétère de la paille est plus pernicieux car il agit sur le long terme. Les analyses montrent que la paille comprend toujours plus ou moins de poussière que le cheval va respirer tout au long de sa vie. Cette exposition prolongée aux poussières est un facteur très favorisant pour l’apparition des maladies respiratoires chroniques comme l’emphysème. De plus, la paille issue de l’agriculture conventionnelle a, la plupart du temps, reçu des quantités de traitements chimiques de cultures significatives dont l’effet sur la santé du cheval est potentiellement délétère.
Enfin la problématique liée à la paille réside dans les capacités de stockage qu’elle nécessite. Elle nécessite non seulement une capacité de stockage des bottes de pailles mais compte tenu de sa présence dans le fumier, elle génère également un besoin en stockage de ce dernier. On considère qu’un cheval au box génère 1 m3 de fumier par mois. Ce volume est composé à 40 % de paille donc une fumière pour du crottin pur nécessitera seulement 0.6 m3 par cheval et par mois.
Les principales alternatives à la paille sont les litières alternatives comme le chanvre ou les copeaux de bois. Ces litières présentent les principaux avantages d’être beaucoup plus absorbantes et beaucoup plus saines du point de vue respiratoire. Elles génèrent donc moins de fumier, nécessitent moins de stockage et préservent la santé de l’appareil respiratoire. Par contre, elles nécessitent un entretien régulier pour demeurer économiques. De plus, elles ne se consomment pas donc diminuent la variabilité alimentaire disponible pour le cheval. Enfin ; les tests de préférence montrent qu’elles sont moins appréciées pour le couchage.
Dans une écurie active, l’alimentation est essentiellement tournée vers le pâturage en été si la structure dispose de suffisamment de prairies et autour du foin en hiver. La paille n’est donc pas un constituant de l’alimentation de base. Cependant, pour différentes raisons, beaucoup de pensionnaires d’écuries actives consomment du foin dans des distributeurs de façon contrôlée dans des distributeurs automatiques. Sauf contre-indication particulière, il n’est pas recommandé de laisser ces chevaux sans fourrage à disposition. Dans ce cas, les chevaux doivent disposer de paille en accès libre. On remarque également que les chevaux qui disposent de foin à volonté consomment également de la paille. Ceci est probablement dû à la recherche de variété alimentaire qui a été mise en évidence par plusieurs études éthologiques.
Comme on ne veut pas exposer les chevaux au risque de colique dû à la paille, il est fortement recommandé de la distribuer au travers de filets petites mailles qui régulent la vitesse d’ingestion et incitent les chevaux à beaucoup plus mâcher leur bol alimentaire.
Le lieu de distribution de cette paille est à raisonner dans l’écurie active. En effet il est un point d’intérêt alimentaire à part entière en plus du foin et du concentré. Selon la configuration de l’écurie, on pourra soit le positionner loin des deux autres, soit plutôt proche du distributeur de concentrés. Cela permet de servir de « salon d’attente » au DAC (Distributeur Automatique de Concentrés). En effet, même si l’on respecte les ratios de nombre de chevaux pour un DAC, il est fréquent que les chevaux arrivent en groupe à ce dernier. Dans ce cas, les tensions en attendant que chacun passe sont apaisées par la possibilité de consommer un peu de paille ; faute de grive, on mange des merles !
L’autre point crucial concernant la paille en écurie active est celui de la litière de l’abri de couchage. Les écuries font le choix en fonction du contexte économique de fournir aux chevaux une litière paille ou des matelas confort ou de cumuler tapis ou matelas + paille.
La paille est une litière consommable à deux visages. D’un côté elle offre le confort et un « fourrage » supplémentaire au cheval lui permettant une alimentation plus variée et de lutter contre l’ennui pour ceux qui sont hébergés au box. De l’autre, elle présente des inconvénients sanitaires de par la poussière et les résidus chimiques qu’elle contient en plus d’augmenter le risque de colique. Dans les écuries actives, l’expérience montre qu’elle a son utilité et donne de bons résultats à condition d’être choisie la plus saine possible et d’être distribuée sous filet petite maille ou en litière de façon raisonnée et en complément d’un fourrage plus varié et plus appétant.