Apprentissage chez le cheval
Bases scientifiques de l’apprentissage chez le cheval
Les lois de l’apprentissage sont universelles dans le monde animal. Du plus simple invertébré jusqu’au plus complexe des organismes le cheval…ou l’humain. Comme elles sont nombreuses et complexes, attardons nous seulement sur celles qui interviennent dans la relation du cheval avec son environnement en général et avec l’homme en particulier
L’habituation et la sensibilisation
Elles relèvent de l’apprentissage non associatif, ils concernent la réaction du cheval à un stimulus.
L’HABITUATION
Appelée aussi désensibilisation (terme non scientifique), elle vise à réduire la réponse à un stimulus : par exemple, on habitue le cheval à un objet nouveau comme la selle lors du débourrage ou à un sac plastique au bout d’un stick comme dans de nombreuses méthodes d’équitation éthologique. On procède par la répétition et l’augmentation progressive du stimulus tant que le cheval reste calme. Dès qu’il montre des signes d’inquiétude, c’est que l’on est allé trop loin. On reprend alors à l’étape précédente.
LA SENSIBILISATION
Cherche à augmenter la réponse à un stimulus appliqué d’emblée en dépassant le seuil de tolérance du cheval afin que celui-ci réponde de plus en plus fortement. Le processus est le même que précédemment, le dresseur doit donc observer le cheval attentivement pour que le moment d’arrêt du stimulus corresponde à l’absence de réaction (habituation) ou au moment de la réaction (sensibilisation).
LA RÉSIGNATION
Ce n’est pas un apprentissage à proprement parler, mais c’est une méthode malheureusement très utilisée. Cela consiste à appliquer un stimulus jusqu’à ce que le cheval cesse de répondre, jusqu’à ce qu’il renonce. On maintient le stimulus quelques secondes quand le cheval a renoncé puis on répète l’opération jusqu’à ne plus obtenir de réaction. Cela nécessite un très bon timing de la part du dresseur mais détériore la qualité
Conditionnements opérants lors de l’apprentissage chez le cheval
L’apprentissage opérationnel, c’est l’histoire du bâton et de la carotte (presque au sens littéral du terme) : de la contrainte et de la récompense. Dans ce type d’apprentissage, on cherche à obtenir un comportement de la part du cheval. On doit donc indiquer par un signal ou un code à priori neutre et le cheval dressé va répondre par un acte moteur. Le conditionnement consiste à ce que le cheval associe le code à l’acte moteur.
Pour faire cet apprentissage, on utilise soit :
- Le bâton (stimulus aversif) jusqu’à obtenir le comportement souhaité ; on arrête le stimulus dès que le comportement est exprimé. C’est le renforcement négatif.
Ex : la leçon de la jambe avec : code : souffle de la botte ; comportement souhaité : avancer ; stimulus aversif : la cravache.
- La carotte (récompense) pour motiver l’animal. Il doit obtenir la récompense dès que le comportement apparaît.
C’est le renforcement positif.
Ex: apprentissage de l’immobilité avec: code : « RESTE ! » ;comportement souhaité immobilité pendant plusieurs secondes ; récompense : friandise.
Une fois l’apprentissage acquis, les bâtons et carottes sont devenus inutiles et il ne reste que le code et la réponse.
Nota :on observe qu’un phénomène d’extinction peut intervenir avec le temps et qu’il est parfois nécessaire de ressortir le bâton ou la carotte pour faire une « piqûre de rappel ».
Il est aujourd’hui communément admis que la récompense alimentaire est quasiment la seule qui soit suffisamment efficace et pratique dans le travail en renforcement positif avec les chevaux.
Attention également au discours confort / inconfort souvent confus.
Le fait de retirer un inconfort ne constitue pas une récompense, c’est simplement du renforcement négatif (retrait d’un stimulus aversif lorsque le comportement souhaité apparait).
Conditionnement simple ou pavlovien
C’est un apprentissage par association de deux évènements concomitants. Il est utilisé en renforcement secondaire dans le dressage (avec un clicker ou un mot associé à une récompense ex : « bien » ou « brave »). Il intervient aussi à notre insu dans la vie du cheval. Par exemple le cheval qui s’excite en voyant un seau même vide parce qu’il a associé le seau à la nourriture.
La punition
Simple à comprendre, c’est en réalité un apprentissage très difficile à utiliser efficacement chez le cheval car la correction doit intervenir au moment même du comportement indésirable, sinon il risque de ne pas les associer.
Elle fonctionne très bien avec la clôture électrique dont la réponse est immédiate, beaucoup moins si on tente de mettre une claque à un cheval qui mord : notre temps de réaction est parfois trop lent et la réussite est aléatoire car les réflexes du cheval sont bien supérieurs aux nôtres.
Mise en application : le distributeur de concentrés dans une écurie active
Un nouveau pensionnaire arrive dans l’écurie active… Après une période d’intégration au troupeau, on apprend au cheval à trouver sa ration dans le DAC (Distributeur Automatique de Concentrés). A priori, c’est nouveau pour lui donc une réaction de peur est normale.
On procède par habituation en l’approchant du DAC régulièrement sans jamais le forcer. La présence à ses côtés d’un individu qu’il apprécie, non peureux, va accélérer l’habituation. Ce phénomène est appelé facilitation sociale. On peut également faire un renforcement positif du comportement « s’approcher du DAC » par une friandise.
Lorsqu’il est entré dans le DAC, on ne le bloque surtout pas dedans, il doit pouvoir en sortir librement pour éviter de le sensibiliser à une peur difficilement identifiable pour nous. Il rentrera d’autant plus facilement dans le DAC qu’il sait q’il a le loisir d’en sortir. Une fois habitué au cadre, le cheval peut observer la mangeoire dans laquelle on aura disposé de l’aliment. On est alors sur un renforcement positif très classique où le cheval gagne à tous les coups (en phase d’apprentissage), et le processus va aller vite pour qu’il baisse la tête vers la mangeoire, que son transpondeur soit détecté par l’antenne et que sa récompense arrive.
La sortie du DAC où il doit apprendre à pousser la porte à ressort pour sortir est sans doute l’apprentissage qui prend le plus de temps. Cela se fait par habituation en maintenant la porte entrouverte au début. Les individus les moins peureux et les moins sensibles apprennent plus vite.
Les apprentissages pour les distributeurs de fourrage et porte sélective se font se façon similaire. On notera qu’en dehors de la clôture électrique de l’écurie active, aucun apprentissage ne se fait par punition ou renforcement négatif qui ont tendance à générer stress et frustration. Ces éléments contribuent à l’objectif de l’écurie active qui est de proposer un cadre de vie optimal pour le bien-être des chevaux.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR L’APPRENTISSAGE CHEZ LE CHEVAL
> Article IFCE : la-methode-de-travail-avec-votre-cheval-respecte-t-elle-les-principes-scientifiques-de-lapprentissage/
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