Le confort thermique en écurie active : qu’en est-il vraiment ?

Comment les chevaux gèrent-ils les températures extrêmes en écurie active ? Chaud, froid, vent ou encore pluie… la météo capricieuse de ces dernières années peut avoir un effet sur le bien-être des chevaux. Voyons ce que la science peut nous apporter comme informations objectives sur le confort thermique des chevaux et les différents aménagements envisageables pour améliorer le bien-être de vos chevaux en écurie active face à l’hiver ou aux grosses chaleurs.

Confort thermique : qu’en dit la science ?

La zone de confort thermique

Comme nous, les chevaux ont une zone de confort thermique. C’est la plage de température dans laquelle une espèce est à l’aise et n’a pas besoin de dépenser d’énergie supplémentaire pour maintenir sa température interne.  Pour l’Homme, cette zone de confort thermique se trouve entre 15 et 25°C. Pour le cheval, cette zone dépend de son adaptation. Dans des conditions de climats tempérés et avec un cheval non tondu, elle se situe entre 5 et 25°C. Cela veut dire que, quand nous avons froid, les chevaux sont très souvent encore dans leur zone de confort thermique. Prendre son propre ressenti d’humain comme référence est donc source d’erreur pour évaluer le confort thermique des chevaux.

Les facteurs à prendre en considération

Pour vous assurer que votre cheval soit confortable dans votre écurie active, vous devez également prendre en compte différents facteurs. En effet, l’étendue de la zone de confort thermique de vos chevaux dépend de différents facteurs comme :

• La race
• L’état corporel
• L’état de santé
• L’âge
• L’adaptation au climat (le cheval a-t-il fait du poil ?)
• Le climat (humidité, vent)
• La saison
• L’alimentation et notamment le fourrage à disposition des chevaux

Chaque individu peut donc réagir différemment selon cet ensemble de facteurs. Il faut donc les garder en tête lors de la réflexion à propos du confort thermique au moment de la conception des espaces de vie des chevaux de votre écurie active.

Les observables

En prenant ces différents facteurs et mécanismes en considération, vous pourrez également observer vos chevaux régulièrement pour vous assurer de leur confort thermique.

Selon les indicateurs de bien-être du cheval au repos établis par l’IFCE, le stress thermique se manifeste par :

• Au chaud : une augmentation de la fréquence respiratoire (ventilation), dilatation des naseaux, transpiration importante, dodelinements de la tête, apathie, coups de soleil, refus d’avancer, tête baissée, membres écartés
• Au froid : baisse de la fréquence respiratoire, frissons, tremblements, queue basse et plaquée entre les postérieurs, rein voussé, abdominaux relevés et contractés, chevaux en groupe blottis

L’observation reste le meilleur moyen de connaître la résistance au froid de vos chevaux en retenant bien que chaque individu développe sa propre résistance et qu’elle peut varier selon son âge ou ses pathologies.

La thermo-régulation

Dans son état naturel, le cheval n’a pas besoin de l’Homme pour gérer les températures extrêmes. Pour s’adapter au froid ou à la chaleur, les chevaux utilisent ce qu’on appelle des mécanismes de thermo-régulation.

Face au froid, le cheval peut avoir trois réactions :

• Les frissons : par un mécanisme de contraction des muscles, les équidés vont produire de la chaleur à partir d’acides gras et de sucres (aérobie)
• La pilo-érection (hérissement des poils) : le cheval va augmenter la capacité isolante de son pelage (jusqu’à 30%)
• La vasoconstriction (resserement des vaisseaux sanguins) : le sang reflue vers les organes centraux et permet aux chevaux de réduire jusqu’à 1.7°C la température de leurs extrémités. C’est ce mécanisme qui empêche les dommages aux tissus quand les chevaux ont les sabots dans la neige par exemple

Lors de fortes chaleurs, les chevaux ont également des mécanismes pour abaisser sa température corporelle :

• Transpiration ou évaporation
• Vasodilatation périphérique : c’est la dilatation des vaisseaux sanguins sous la peau

Les solutions techniques pour le confort thermique de vos chevaux

Les protéger avec un abri

Plusieurs études l’ont montré, les chevaux n’apprécient pas le froid humide et encore moins les fortes précipitations avec de forts vents. Lors d’une étude menée en Norvège en 2016, des chercheurs souhaitaient montrer que les chevaux pouvaient communiquer avec nous par des symboles. Ils ont choisi la gestion des couvertures et une des conclusions de cette étude a bien été que les chevaux ont préféré porter une couverture lorsque la température était faible à modérée et en présence de vent et/ ou de pluies fortes.

Outre le fait de cette conclusion sur l’ajout d’une couverture sur les chevaux, cette étude montre également qu’il est important que vos chevaux puissent se protéger des intempéries. Une solution pour cela est d’aménager des abris dans votre écurie : vos chevaux peuvent conserver jusqu’à 20% de chaleur corporelle en plus. Le mieux est qu’ils puissent s’y coucher. Pour que cet abri soit bien ventilé et utilisé au maximum par les chevaux, il faut anticiper les facteurs sociaux et environnementaux qui pourraient limiter son usage par le groupe ou par certains chevaux. Ainsi, on peut optimiser son positionnement.

Le confort de couchage

Un sol froid, humide ou glissant n’incitera pas vos chevaux à s’y coucher. Lorsqu’il neige ou qu’il pleut sur votre écurie active, si les chevaux n’ont pas accès à un sol confortable dans les abris ou dortoirs, il se peut qu’ils ne se couchent plus. Ceci peut parfois même causer de la pseudo-narcolepsie : les chevaux s’endorment debout et, en tombant, peuvent se blesser aux boulets, aux jarrets, voire à la tête.

Pour éviter cela, nous vous conseillons d’assurer un bon confort de couchage soit par de la litière épaisse, soit en installant des matelas ou tapis caoutchouc. Ces revêtements assurent le confort nécessaire aux chevaux pour se coucher ainsi qu’une bonne isolation thermique et ainsi, une optimisation de leur confort thermique. Ils apportent également suffisamment de grip pour que, même les chevaux les plus raides, parviennent à se relever aisément. Ils sont d’autant plus appréciés par les chevaux sensibles au froid comme les poulains, les chevaux âgés ou les chevaux convalescents ou immunodéprimés.

L’alimentation et l’eau à volonté

Lorsque les températures passent la barre des -15°C, la consommation énergétique des chevaux adultes devrait être augmentée de 2,5% par degré Celsius. La solution est donc de fournir à vos chevaux du fourrage en quantité suffisante et facilement digestible, afin de leur permettre d’accroitre leur tolérance au froid.

Une autre solution technique pour vous assurer que vos chevaux restent dans leur zone de confort thermique en période de forte chaleur est d’installer des abreuvoirs empêchant le développement d’algues. L’accès à une eau fraîche et propre à volonté est indispensable pour éviter les coups de chaleur en période estivale.

N’oubliez pas que chaque cheval peut réagir différemment face aux températures extrêmes et malgré vos efforts pour concevoir votre écurie active avec une approche cheval-centré, l’observation quotidienne est la clé pour déceler des comportements anormaux. Parce que les chevaux nous font toujours mentir, l’observation attentive de votre troupeau fera évoluer votre écurie active et garantir son confort thermique.

BIBLIOGRAPHIE

Un article sur l’adaptation des chevaux au froid sur le site de l’IFCE

Un article sur les coups de chaleur chez les chevaux sur le site de l’IFCE

Les indicateurs de bien-être du cheval de l’IFCE

L’étude faite en Norvège sur la communication des chevaux avec nous par les symboles, en 2016