Créer un troupeau et gérer l’évolution du groupe
Créer un troupeau et en gérer l’évolution ne se résume pas à lâcher des chevaux dans un parc en croisant les doigts pour que ça se passe bien. La promiscuité peut générer des conflits dans les groupes et des accidents et blessures peuvent survenir. Afin de limiter les risques, faisons un point sur les méthodes et les observations à faire lors de la création d’un troupeau et lors de toute modification de l’effectif.
« Prendre son temps pour aller vite »
L’adage équestre trouve une fois de plus son application dans la création d’un groupe de chevaux. Il est en effet stressant pour les chevaux de changer de groupe social et d’endroit. Ce stress peut se traduire par de l’agressivité et donc des risques de blessure. Procéder progressivement en permettant aux chevaux de faire connaissance de part et d’autre d’une clôture sera donc beaucoup plus progressif avant de les lâcher ensemble dans le même parc.
On prendra aussi en compte que de retirer un individu du groupe modifie l’équilibre des réseaux de relations d’affinités et de dominance que les chevaux avaient mis en place.
Observer les relations entre individus et entre « groupes »
L’éthologie équine a fait de grands progrès ces dernières décennies mais il reste encore beaucoup à apprendre sur les comportements sociaux des chevaux. Ce qui est certain, c’est que les choses sont beaucoup plus complexes qu’une simple hiérarchie où A domine B qui domine C. L’observation fine des signaux discrets est aussi importante que de noter les événements spectaculaires comme les ruades, les jeux, les galopades ou les morsures.
Deux grands types de relations peuvent être observés :
- Les comportements agonistiques assez connus (oreilles couchées, coups de pied ) mais aussi plus subtils (évitements, fouaillements de queue etc.)
- Les comportements d’affinités comme le grattage mutuel mais souvent beaucoup plus discrets (frôlements, distance entre individus…)
- On observe aussi les relations entre groupes : Ordre de passage à l’abreuvoir, à la zone de roulage, tolérance de proximité etc.
C’est l’ensemble de toutes ces observations qui va permettre d’orienter les décisions en définissant si le niveau de stress général est suffisamment bas pour mélanger des nouveaux individus.
Dans le doute, mieux vaut s’abstenir et repousser de quelques jours l’intégration de nouveaux membres.
Créer des sous groupes
Une méthode éprouvée pour intégrer des nouveaux individus est de le faire par lots.
Par exemple intégrer 2 individus à un groupe existant va se faire plus facilement qu’un seul. Les deux sous groupe vont faire connaissance dans la durée alors qu’un individu isolé va rechercher la protection du groupe et va être plus insistant et générer plus d’animosité dans le groupe existant.
Pour intégrer un seul individu dans un groupe, on peut aussi extraire un membre du groupe choisi pour son relationnel facile, le mettre en contact avec le « nouveau » quelques temps puis réintégrer les deux individus au troupeau.
Enfin, on peut « créer un diversion» lors de la formation d’un groupe en changeant les chevaux de parcelle. Le nouveau domaine vital étant inconnu de tous, les chevaux vont plus explorer l’environnement et moins les nouveaux congénères, ce qui diminue le risque de conflit.
Limiter les sources de conflit
Par nature, une ressource en quantité limitée est source de conflit.
La plus évidente est la nourriture donc il va être plus facile de créer un groupe dans le calme au printemps lorsque l’herbe est abondante. A défaut, on veillera lors de la création d’un groupe à ce que la nourriture soit :
- Disponible en quantité
- Accessible par tout le monde en même temps
- Disponible à des endroits suffisamment distants pour que chacun mange dans une atmosphère calme
L’espace peut également être source de conflit. Les chevaux maintiennent des distances interindividuelles plus grandes que les autres espèces et il faut en tenir compte. On recommande de ne pas faire de couloirs de moins de 8m de large si possible et de laisser un dégagement d’au moins 10 mètres autour des râteliers à fourrage pour que les subordonnés puissent éviter les dominants dans le calme.
Enfin, c’est l’observation et l’expérience de l’homme de cheval qui vont s’exprimer lors de la création de lots de chevaux. L’expérience sociale des animaux est variable. La capacité à intervenir rapidement si une situation semble trop stressante est donne un gage de sécurité. Cela contribue à créer une ambiance calme et sereine dans le ou les groupes de chevaux. L’Écurie Active ne remplace pas cette expérience mais elle constitue l’ensemble des solutions
d’agencement et d’équipement qui facilitent l’hébergement de chevaux en groupe. Les deux objectifs restent le bien être des chevaux et un travail facilité pour le personnel afin qu’il dispose ainsi de plus de temps pour l’observation et le travail avec et pour les chevaux.
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