Gestion de l’herbe en écurie active
Le cheval est une herbivore donc la meilleure façon de le nourrir c’est le pâturage. Cette vision emprunte de bon sens à priori, se heurte cependant à une certaine réalité. Si beaucoup de chevaux peuvent s’alimenter à l’herbe, cette dernière peut aussi être la cause de certains pathologies graves. Par ailleurs, certaines écuries ne disposent pas de suffisamment de surface de pâturage pour en laisser l’accès permanent aux chevaux. De plus, afin d’optimiser sa pousse et gérer sa consommation, il est utile d’en réguler l’accès lorsque les pâturages ne portent pas suffisamment et d’aménager un pâturage tournant. Après avoir détaillé les enjeux de la consommation de l’herbe, nous allons envisager ses conséquences sur la conception et l’utilisation des équipements au sein d’une écurie active.
1. L’herbe : base de l’alimentation
Oui mais pas n’importe quelle herbe ! En effet, le fourrage est la base de l’alimentation car il fournit les fibres et l’encombrement physiologiquement nécessaires au bon fonctionnement de l’appareil digestif du cheval. De plus, la sollicitation permanente de l’estomac prévenant le développement des ulcères gastriques, la fourrage n’a que des bienfaits pour la santé du cheval. Là où il faut être vigilant, c’est sur la composition de ce fourrage. En effet, trop riche, notamment en sucres, il est à l’origine ou du moins, entre en jeu dans le développement de pathologies chroniques et graves que sont la fourbure, le syndrome de cushing ou le SME (Syndrôme Méthabolique Equin). C’est la jeune herbe pâturée qui est le plus à craindre pour les chevaux sensibles.
On cherchera donc à fournir au cheval une alimentation à base de fibres, variée (comprenant aussi l’accès à des racines, feuillages, écorces, etc) saine (exempte de moisissures et poussières) mais dont la valeur nutritionnelle devra être adaptée à son état physiologique, ses besoins et ses pathologies chroniques le cas échéant.
Tous les chevaux ne peuvent donc pas aller à l’herbe à volonté et / ou en toutes saisons sans risque. Les mots d’ordre sont donc observation et régulation.
2. Gestion de l’herbe
Au sein du troupeau et suivant la disponibilité en pâturage, il va falloir d’une part permettre aux chevaux, autant que possible, d’accéder à des prairies ou paddocks mais aussi faire le tri entre les chevaux. Ceux qui peuvent accéder aux pâtures pour consommer l’herbe sur pied, ceux qui peuvent seulement accéder à des paddocks « un peu rappés » pour simplement exprimer un comportement de pâturage et enfin ceux qui ne doivent consommer que du foin. Ces choix peuvent évoluer en fonction de la saison (portance du sol, composition de l’herbe) et de l’état corporel des chevaux.
Pour répondre aux besoins physiologiques, comportementaux et sociaux de chaque individu composant le troupeau, on pourra allouer individuellement et différemment les espaces enherbés de façon permanente ou de façon régulière. Le fait de donner des autorisations à certains chevaux et pas à d’autres dépendra aussi de l’observation fine du troupeau et des affinités entre chevaux. Séparer ponctuellement les sous-groupes affinitaires du troupeau est parfois possible mais pas toujours. Cela dépendra du tempérament des chevaux et notamment de leur niveau de grégarité. Des concessions sur l’état corporel d’un cheval ou sur l’accès à l’herbe d’un autre sont parfois à envisager pour la santé et le bien-être de chaque cheval. Bref, la gestion de l’accès à l’herbe au sein d’un troupeau peut vite tourner au casse-tête et c’est là qu’un automate simplifiera grandement cette gestion.
3. L’automatisation
De manière générale on essaye de centrer la zone stabilisée de l’écurie active sur les pâtures pour pouvoir en disposer de façon rayonnante vers différentes zones et répondre ainsi aux besoins cités plus haut.
Disposer d’un automate qui gère l’accès au pâturage est la solution la plus pratique et la plus fonctionnelle afin d’adapter à la fois la consommation d’herbe pâturée pour chaque individu mais aussi l’accès en fonction de la composition des sous-groupes du troupeau. On pourra ainsi affecter certains horaires à certains sous-groupes ou donner des accès plus restreints voir interdire l’accès à certains individus à risque.
Pour établir une rotation des espaces en herbe gérés par la porte sélective, on agencera les clôtures avec des portails traditionnels et des couloirs pour établir un pâturage tournant.
Cette configuration déjà utilisée dans de nombreuses écuries active donne entière satisfaction.
Petit détail qui a son importance, si l’on souhaite que les chevaux reviennent en toutes saisons sur la zone stabilisée, il est important que les chevaux n’aient accès à l’eau que dans cette zone et pas dans les pâtures. Si on laisse des accès aux points d’eau dans les pâtures, il faut avoir conscience que certains chevaux risquent de revenir seulement très ponctuellement dans la zone centrale. Chaque configuration sera réfléchie en fonction de l’activité de l’écurie.
4. Une installation plus simple
Pour des structures de taille plus modeste ou en attendant de pouvoir investir dans une porte sélective, il existe une solution « de fortune »pour mettre certains chevaux à l’herbe et pas d’autres : c’est le portillon anti-retour. Pour comprendre cette méthode, il faut intégrer le fait que la porte sélective régule le trajet aller (de l’Ecurie Active vers la pâture) alors que le portillon anti-retour gère le trajet retour (de la pâture vers l’écurie active).
Cette solution sans automate consiste à mettre manuellement à l’herbage les chevaux via un portail classique, une ou plusieurs fois par jour. Ils pourront revenir par eux même par le portillon anti-retour.
Avantages du système : économique tout en gardant une possibilité de tri entre les besoins des chevaux.
Inconvénients : Le cheval n’est pas libre de ses horaires d’accès aux pâtures et avec le risque que ceux qu’on lui propose correspondent mal à ses envies ou ses besoins.
Si nous avons tous en tête une certaine image du bien-être avec un cheval à l’herbe, la réalité nous montre bien que sa gestion est plus fine et plus technique que cela. L’herbe pâturée sera toujours le fourrage le moins cher. C’est une ressource précieuse mais son utilisation doit être faite de façon à la fois mesurée et précautionneuse pour optimiser le coût d’alimentation et garantir la santé de tous les chevaux.
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